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 Pensées secrètes

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Etrigane
Habitué de la Citadelle
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Etrigane


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MessageSujet: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeSam 25 Aoû - 2:30

Je m'appelle Etrigane.
J'ai besoin de prendre ma plume parce que je suis au début d'une vie nouvelle, et qu'il me faut faire le point sur mon existence.
Dans ces heures étranges où tout est devenu fluctuant, où l'on découvre que les rêves d'autrefois, qui nous semblaient si beaux et si exaltants, comportent eux-aussi leur part de terreur et d'errance, dans ces instants là il faut prendre le temps de s'arrêter et de regarder derrière soi.
Afin d'être sûr de ce qu'on veut laisser.

Je me crois sans courage. Enfant déjà je m'écartais souvent des autres, je n'adhérais pas à leurs jeux, souvent constitués de batailles et de mauvais coups. Mes terrains de jeux étaient imaginaires, et tous hantés par une présence à laquelle je ne parvenais pas à donner un nom.
Seul.
Un petit lettré d'une petite ville, dont le destin déjà tracé l'emmenait sur le chemin de son père archiviste.J'épuisais les réserves d'encre de la maison, à force d'écrire.

Une tante un jour fit remarquer à ma mère que ma peau était bien pâle, et ma constitution peu robuste. Elle eut même la délicatesse d'ajouter que je ne vivrai pas vieux, ce qui eut le don d'effrayer ma pauvre mère.
Je fus dès lors obligé de consacrer une partie de mes journées à des jeux extérieurs, afin de revigorer cette peau si blanche et de donner l'energie de la chaleur à mes yeux verts trop brillants.

Je m'éloignais dans les rues, afin que mes parents ne me voient pas, et j'allais trouver refuge toujours au même endroit, sur le flanc d'une maison sans vis à vis, qui donnait directement sur une chaine de montagnes dont les cimes disparaissaient dans des nuages brumeux qui les rendaient fantomatiques et vaguement mystérieuses.

Ici se trouvait un banc, contre le mur. J'avais choisi l'heure de mes sorties en fonction de la position du soleil, et c'était avec soulagement que je rejoignais l'ombre que m'offrait la maison.
Je m'asseyais. Et j'attendais.
J'apprivoisais les ombres.

De façon très précoce, je me posais la question suivante:
"Qu'est-ce qui justifie le simple fait de vivre ?"
Assis sur mon banc, les yeux portés très hauts et très loin, ou au contraire très bas et tout près, je réfléchissais, profondément mal à l'aise. Ce mal-être devait malgré tout répondre à un besoin, car je finis par apprécier ce moment de la journée, qui m'apparaissait au départ comme le pire des cauchemars. Retrouver ce banc, cette montagne, cette maison, était devenu quelque chose de familier, comme on rend visite à des amis fidèles qui vous attendent.

"Qu'est-ce qui justifie le simple fait de vivre ?"
Mes pensées revenaient toujours à cette question, s'y heurtaient, s'en approchaient, en délimitaient les contours.
Et toujours cette sensation de manque qui n'était jamais loin, comme si une partie de moi-même m'avait été dérobée, ou plutôt cachée, retenue quelque part dans un cachot invisible dont je détenais la clef sans le savoir.
Etait-ce un amour ? Un rêve ? un idéal ?

J'interrogeais souvent les montagnes du regard.
Mais elles demeuraient silencieuses.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeSam 25 Aoû - 22:56

Je sais ce que l'on peut penser, en ayant connaissance de cette enfance.
Un banc, des montagnes, des ombres, la solitude...Une telle accumulation de choses grisonnantes semble vouloir dresser le tableau d'une enfance morose, pour ne pas dire franchement triste, mais c'est sous-estimer les enchantements d'une vie intérieure, certes discrète, que je menais à l'insu de tous.

Mes interrogations demeuraient sans réponses et me tourmentaient parfois. Je sentais confusément la nécessité de croire en quelque chose qui pouvait révéler à la conscience l'absolue nécessité d'être en vie dans un but précis.
Pouvait-on se contenter d'être vivants ?
Des créatures aux mécanismes bien rodés, tout accaparées par le besoin de se nourrir, de dormir, de se reproduire ?

Je ne pouvais admettre une pareille chose.
Le simple fait de pouvoir se poser la question prouvait que ce n'était pas suffisant.

"Tu es là pour quelqu'un".
Le jour où cette pensée me traversa, quelque chose se déchira en moi. En disparaissant, le voile qui dorlotait et ensommeillait mon esprit me fit quitter définitement l'enfance.
Je me mis alors à marcher, à arpenter, à grimper. Je parcourais des distances longues, semant derrière moi des ébauches de rélfexion que je rejetais au fur et à mesure.

Trouver l'autre. Etre pour quelqu'un.
La question n'est pas de savoir ce que ce monde peut faire pour nous, mais ce que nous pouvons faire pour ce monde.
Et je marchais toujours, poursuivant un chemin inconnu comme on poursuit un raisonnement compliqué.
Etape après étape.

"Un jour je trouverai l'autre, et je serai entier".

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeMar 28 Aoû - 22:44

Mes petites excursions devinrent de plus en plus longues, et il n'était plus rare que je m'absente en étant équipé d'un sac, afin de dormir quelque part à l'extérieur. Je rentrais le lendemain, voire le surlendemain, mais je ne partais jamais plus de trois jours.

Un jour, après avoir parcouru plusieurs lieues, je retrouvai une forêt familière, dans laquelle j'avais déjà passé quelques délicieuses nuits.
Le monde végétal qui m'entourait me charmait et me fascinait. J'étais notamment stupéfait par cette atmosphère si particulière, par ce lien qui semblait unir toute chose en ces lieux, comme si les différents éléments vivants ne formaient qu'un.
Dans le monde humain, je voyais souvent autour de moi discordes et incompréhensions, comme si les êtres, maintenus dans une prison invisible qu'il s'était créées eux-mêmes, ne parvenaient pas à se joindre simplement, à communier de façon naturelle.
Combien de gestes calculés ? Combien de paroles hésitantes ou trop adroites ? Combien d'amitiés anéanties sur un malentendu ?
Je rêvais d'une relation où un regard confiant disait tout, sans mensonge ni manipulation.
Et je serrai les dents, tant je me trouvais naïf et absurdement idéaliste. Je poursuivais sans doute une chimère, quelque chose d'iréel que je ne devais qu'à mon âge, à mon manque d'expérience.

Lorsque la chose apparut devant moi, je me prétrifiai.
Je ne l'avais pas vu venir, et elle se trouvait derrière des arbres et des fougères que j'avais franchies en écartant les branches.

Elle faisait la moitié de ma taille environ. Sa couleur verte avait quelque chose de tellement peu naturel qu'une violente nausée m'envahit. On ne pouvait distinguer aucun organe visible, rien qui rappelât le moindre élément de physionomie humaine. Sa texture gluante s'animait par soubressauts. Il fallait pourtant bien que cette chose monstrueuse fût douée de volonté car elle se dirigea immédiatement vers moi, et je me sentis en danger.

Elle laissait derrière elle une sorte de bave visqueuse et bougeait à une vitesse qui me surprit, et m'effraya. Je ne parviendrai pas à lui échapper.
Je m'éloignais malgré tout, à reculons, incapable de tourner le dos à cette chose horrible. Elle me suivit sans aucun mal.

Ce fut à ce moment que j'entendis un cri.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeSam 1 Sep - 12:44

Une odeur étrange, semblable à celle du métal en fusion, se répandit dans l'atmosphère. La température s'éleva de façon brutale et anormale autour de moi, et un jet de flammes traversa subitement le buisson par lequel j'étais passé quelques instants plus tôt, atteignant la créature de plein fouet.
Elle produisit un son qui ne ressemblait en rien à tout ce que j'avais entendu jusqu'alors, et s'orienta en direction de son agresseur.
Un animal reptilien se trouvait là, au sol. Il était assez petit, mais ses mouvements pleins de grâce et l'intelligence de ses yeux ne laissaient aucun doute: il appartenait à la race draconienne.
Derrière lui se trouvait un homme svelte et élégant, qui portait des habits de couleur verte. Un sourire de satisfaction s'épanouissait sur son visage, et il m'adressa un bref signe de la tête, qui semblait avoir pour but de me saluer et de me rassurer tout à la fois.
Glissant vers le triton, la créature se secoua et projeta un liquide vert fumant sur le noble animal, qui fut blessé au dos, mais qui ne sembla pas s'en décourager pour autant. D'un geste rapide et furieux, il se précipita sur sa cible et lui administra un terrible coup de griffe, qui déchiqueta la substance visqueuse, laissant un trou béant dans la colonne principale qui formait son corps.
L'immonde créature essaya bien de répliquer mais elle manqua le bébé dragon, qui s'était déjà éloigné et rassemblait ses forces. Un nouveau jet de flammes jaillit de sa gueule grande ouverte, et eut raison de son adversaire.
L'être visqueux sembla se répandre comme un liquide épais qui n'était maintenu debout jusque là que par une volonté inconnue. La substance fut instantanément absorbée par le sol, comme si la nature s'empressait de vouloir faire disparaître une aberration, et en quelques instants, ce fut comme si rien ne s'était jamais produit.
J'obervais mes sauveurs avec intensité.
Le triton se précipita vers son éleveur, s'enroula autour de sa jambe, grimpa le long de son corps avec une aisance déconcertante, et demeura sur son dos, la tête reposant sur son épaule.
Je les regardais, et quelque chose s'agitait en moi.
J'étais bouleversé.
Ces deux êtres, si différents qu'ils n'appartenaient pas à la même race, ne formaient qu'un. Ils étaient là, l'un contre l'autre, chacun étant pour l'autre une extension naturelle de lui-même.
Une évidence venait de me frapper comme un coup de poing, et je dus avoir une drôle d'expression car l'homme me crut blessé. Il s'avança dans ma direction en fronçant les sourcils.
"Vous allez bien ? Cette glue a-t-elle eu le temps de vous atteindre ?
- Non, non, bafouillai-je. Non, rassurez-vous ? On peut dire que vous êtes arrivés vraiment à point nommé.
- Et vous n'avez pas idée combien cela me fait plaisir. Je m'appelle Jhilian, et voici Shay, ma petite dragonne.
- Enchanté, je-je m'appelle Etrigane.

(àsuivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeDim 2 Sep - 11:57

Le jeune éleveur regarda autour de lui, comme s'il cherchait à vérifier la présence de quelque chose, puis son regard se porta de nouveau sur moi:
"Je n'ai bien sûr pas d'ordre à vous donner, mais permettez-moi de vous conseiller d'éviter de vous aventurer ainsi dans des zones éloignées des habitations. Certains événements ont malheureusement rendus les loups très agressifs, et je ne vous parle même pas de ces araignées géantes qui sont si redoutables. Cette créature visqueuse que vous venez de voir n'est rien par rapport à certains dangers qui infestent aujourd'hui les terres de Midgard.
- Je ferai attention, promis-je en hochant la tête.
- Et cela sera sage. Je vais vous accompagner à la lisière de la forêt, et vous pourrez rentrer chez vous sans risque. Quel âge as-tu ?
- J'ai seize ans, et je vous remercie beaucoup pour ce que vous venez de faire pour moi".
Nous discutâmes en chemin, et je ne pus m'empêcher de l'interroger sur son dragon, sur son activité d'éleveur. J'appris ainsi qu'il était issu d'une famille d'éleveurs en activité depuis longtemps, et que le dragon qui l'accompagnait était le fruit de l'accouplement des dragons de ses parents.
Installé sur son dos, récupérant manifestement de son récent combat, le dragon se reposait. Je fus troublé par l'abandon avec lequel il se laissait aller sur son maître. Le rapport de confiance qui existait entre les deux être dépassait tout ce que j'avais pu concevoir. Ils ne partageaient pourtant pas le langage, mais cela semblait inutile, tant leurs vies paraissaient entremêlées.
Je remerciai mon sauveur une dernière fois avec châleur, et je repris la route. Je retrouvai la ville trois heures plus tard, passant devant les façades sans les voir, le regard figé sur le sol. Je dus paraître bien impoli à certaines personnes, car mes parents me firent des remarques quelques jours plus tard, et se crurent obligés de me rappeler quelques règles fondamentales de la vie en société.
Le soir venu, allongé sur mon lit, je pris alors conscience de l'importance de ce que je venais de vivre.
Etait-ce de l'insouciance ? Je ne songeais même pas au risque que j'avais encouru. Toutes mes pensées allaient vers l'éleveur et son dragon, et plus particulièrement au lien qu'ils avaient créé.

Je n'étais décidément pas un être solitaire, contrairement à ce que tout le monde pensait de moi. On me l'avait tellement dit et répété que moi-même j'avais dû finir par le croire, car j'eus le sentiment d'une révélation ce soir là.
Je n'étais pas un solitaire.
Je cherchais simplement une relation fusionnelle, quelque chose d'intense et d'unique. Il me parut alors évident que tous les éleveurs connaissaient ce genre de relation avec leur dragon, et il me prit alors une idée folle: et si je devenais moi-même éleveur ?

Je décidai de pousser ma réflexion et une autre évidence m'apparut: je ne voulais entretenir que ce genre de relation. Un profond découragement m'envahit alors.
Etais-je quelqu'un d'anormal ? A quoi rimait ce désir de fusion, de relation vitale ?
Je repensai à toutes les jeunes filles que mes parents s'étaient arrangés pour me faire rencontrer depuis plusieurs années, et que j'avais systématiquement ignorées avec une gêne et une colère sourde qui avaient grondé en moi à chaque fois.
Je m'étais posé tellement de questions à ce sujet, et mes parents aussi.
Mais aujourd'hui j'avais une réponse.
L'amour que je cherchais, je ne l'avais jamais trouvé.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeMer 5 Sep - 0:01

Ma mère paraissait vraiment furieuse. Elle me fixait d'un oeil noir, comme si ce que je venais de dire confirmait finalement tous les doutes qu'elle nourrissait à mon égard depuis des années. Elle avait toujours pris les décisions dans la maison, mon père restant replié dans un silence facile qui lui évitait tout conflit et toute implication dans des problèmes auxquels il n'avait jamais su faire face. Ce jour là, il semblait tout de même triste, affecté, comme si la déception profonde qu'il éprouvait suffisait enfin à à l'approcher de ce qui pouvait ressembler à une réaction.
"Comment peux-tu seulement envisager une chose pareille ?, reprit ma mère d'une voix cassante.
- En tous cas, répondis-je, je ne pensais pas que le sujet ne pouvait même pas être évoqué sans provoquer un tel drame".
J'étais furieux, profondément furieux, mais mes seize ans me laissaient impuissant, tant il est vrai que les parents disposent encore d'une forte emprise à cet âge où l'adulte en nous ne fait qu'être ébauché, et où l'on ne se sent ni le droit ni le pouvoir d'imposer ses vues contre ceux qui nous ont élevé depuis toujours.
"Eleveur, et puis quoi encore ? Hein ? Tu te vois vraiment parcourir les chemins, risquant ta vie à tout instant, dans une activité dont tu ne connais rien et pour laquelle tu n'as aucune prédisposition ? Et ton père alors, que ressent-il à ton avis, lui qui depuis longtemps déjà a assuré ta place dans le Guilde des Archivistes ? Tu crois qu'on y entre comme ça, dans la guilde ?"
Je me mordis les lèvres pour ne pas répondre que les ambitions de certaines personnes ne se limitent pas à classer correctement quelques feuillets entassés dans un endroit silencieux et morne. Le respect pour mon père l'emporta et je ne dis rien.
"Je ne veux plus jamais entendre une aberration pareille, est-ce bien clair ?"
Je hochai la tête en regardant le plancher, et, comme je tournai les talons pour quitter la maison et aller faire un tour, ma mère m'arrêta.
"Je n'ai pas entendu de réponse...
- Que dois-je dire ?, demandai-je en jetant un coup d'oeil par dessus mon épaule. Souhaites-tu me dicter ma réponse ?"
Elle fut tellement frappée par mon audace qu'elle en resta muette. Le rouge lui monta aux joues. J'en profitai pour m'en aller.
Après tout, il était temps qu'elle comprît que j'approchais l'âge d'homme, et qu'elle ne pourrait m'humilier ainsi pendant très longtemps encore.
Mon père ne m'avait vraiment pas rendu service en la laissant prendre un tel pouvoir dans la maison. Elle n'étaitp as du tout habituée à ce qu'un homme pût prendre la parole et objecter quoique ce fût sous son toit.
C'était navrant.

Je marchai un long moment, complètement désemparé.
Quelque chose de fulgurant était né en moi, et je devais l'étouffer, le piétiner, niant ainsi tout ce que j'étais pour pouvoir m'inscrire dans une normalité qui me donnait la nausée. Un ressentiment terrible m'envahit à propos de ma mère, mais, au détour d'un chemin, une idée me vint subitement comme une gifle.
"Cesse donc de t'acharner après ta mère, qui finalement ne fait qu'obéir à son instinct protecteur en t'éloignant d'un métier à risques. Et si tu te prenais un peu pour cible, si tu admettais que le courage te manque pour imposer tes vues et tes désirs ?"
Et ce fut alors une colère sourde qui m'envahit.
Contre moi-même.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeVen 7 Sep - 14:13

Je débutai mon apprentissage d'archiviste dans la semaine qui suivit. Il ne fut plus question d'un avenir de dresseur, le sujet était évité de façon méticuleuse, et je me murai dans le silence. Cette lourdeur devenait criante pendant les repas, chacun s'acharnant à regarder son assiette avec un intérêt grotesque, pour éviter d'avoir à parler.
Etrangement, c'était mon père qui intervenait le plus souvent. Il jetait une phrase par dessus la table, liée bien souvent à la formation que je suivais. Ce n'était la plupart du temps qu'un rappel, pour ne pas oublier quelque chose ou répéter un conseil entendu dans la journée.

Les souvenirs si précieux de ma rencontre avec le dresseur, dans la forêt, s'estompaient progressivement, malgré les efforts que je faisais, chaque jour, pour les faire vivre. Conscient de ma propre lâcheté, je préférai pourtant me trouver des excuses, en essayant de me convaincre que je n'étais pas taillé pour une telle activité, que je n'en avais ni l'étoffe, ni le mérite.
Je m'efforçais d'écorcher mon rêve, afin de pouvoir l'enterrer en moi.

Je ne m'en sortais pas trop mal, et pourtant dans cette période, je devins hanté par des pensées très sombres, et je ne fis pas le rapprochement avec le renoncement qui avait été le mien.
J'étais de plus en plus souvent accablé par des pensées tristes. Je me mis à penser à la mort, à la souffrance, à l'absurdité de l'existence humaine. Et je me mis à écrire, dès que j'en avais la possibilité. Je remplissais des feuillets que je cachais à l'extérieur de la maison, afin que ma mère ne puisse les découvrir.
J'ai gravé des mots sur des arbres le soir, avec un couteau. Je sortais même régulièrement la nuit, en passant par la fenêtre de ma chambre, et j'allais errer dans les cours qui ceignaient les temples, en proie à un tourment qui allait grandissant, et auquel je ne parvenais pas à trouver une explication.

Une nuit, je me suis rendu près du temple dédié à la Vie. Quelque chose me torturait, une angoisse profonde, et ce fut en pleurant que je gravai ces mots sur la porte du temple:

"ici git le mensonge"

Et je m'enfuyai, les poings crispés, les mâchoires serrées.
Cet acte honteux fit grand bruit dans la petite ville, mais personne ne me soupçonna jamais.
J'avais l'impression que des ombres extirpaient du sol des bras noueux et obscurs pour m'attraper par les chevilles, et me tirer vers le bas, me ramener à la terre, m'enliser quelque part où rien de lumineux ne pouvait survivre.
J'éprouvais la tentation du vide.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Pensées secrètes   Pensées secrètes Icon_minitimeLun 17 Sep - 12:09

Comment continuer quand on a renoncé ?
Comment oser encore lever les yeux vers soi dans un miroir immonde ?
Comment survivre au rêve qu'on a laissé s'enfuir ?

Je vivais. Plus rien ne flamboyait dans ma vie mécanique. il s'agissait pour moi de faire en sorte que des gestes se succèdent, chaque jour les mêmes, dans le même ordre. Ce mouvement perpétuel et répétitif dans lequel chaque être finissait par s'enliser, à quoi servait-il ?
Bercer nos rêves de toujours ? Ne plus les sentir dans ce coma plein d'oubli ?

Ma chance était passée, je l'avais laissé passer, c'était une certitude. Il me fallait donc vivre en assumant ce manque de courage qui avait été le mien, et qui me rongeait à chaque instant. Je découvris qu'une certaine inflexion des muscles de mon visage me permettait de mimer le sourire. Je souriais donc parfois, et les gens autour de moi semblaient en éprouver du contentement. Et puis je travaillais comme je n'avais jamais travaillé. Je mettais toute mon énergie dans le travail, jusqu'à épuisement.

"Qu'est-ce qu'il a changé..."
"Le voilà homme à présent..."
"Il prend son activité tellement à coeur, c'est formidable..."
"Quel sérieux..."

Ma propre mère parut satisfaite. Je crus même déceler, un jour qu'elle parlait de moi avec une voisine, quelque chose comme de la fierté dans son regard. Mon père quant à lui, rassuré par ce calme absolu,s'enveloppait avec délices du néant de sa vie, et avait retrouvé sa discrétion résignée de toujours. Et les journées, les mois, se succédaient, comme tombent des cadavres dans une fosse commune.
Tout allait bien, n'est-ce pas ? Je respirais, je digérais mes repas, je gagnais de l'argent.
Je répondais quand on me parlait, et il m'arriva même une fois de joindre mes deux mains à intervalles réguliers pour produire un son, un jour où un petit spectacle de rue se déroula devant chez mes parents.

Une vie parfaite en somme.

(fin du rp Pensées secrètes)
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