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 Le dragon des Ombres

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Etrigane
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MessageSujet: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 15 Aoû - 17:14

Naissance d'Etrigane - Ière partie

Dans la cité-portuaire de Padrinn, au sud de Midgard, régnait une ambiance inhabituelle. Cette ville entièrement vouée au commerce était d'habitude très vivante, toujours mouvementée, la vie ici était rythmée par les échanges entre acheteurs et vendeurs, par les activités des marins qui déchargeaient des marchandises sur le port.

Mais ce jour là régnait un calme étrange. Cette atmosphère si paisible, si silencieuse, avait quelque chose de si saugrenu dans un lieu comme celui-ci que cela en était inquiétant.
Les habitants de la ville restaient postés devant chez eux, immobile, surveillant le bout de la rue avec un mélange de curiosté et d'anxiété.

Dans la rue principale avançait un groupe de trente hommes, l'un d'entre eux poussait un petit chariot, entouré de ses compagnons qui semblaient le protéger. Ils veillaient à ce que personne ne puisse approcher, et leur allure était si impressionante, dans leurs armures noires si massives qui ne laissaient rien voir de leur visage, que personne ne s'en serait avisé.
On les appelait Les Fragments d'Opale.
Ce groupe de draconnier était redoutable, et personne ne savait rien d'eux car ils ne montraient jamais leur visage.

Sur le chariot se trouvait une caisse en bois massif, que cinq chaînes d'acier cadenacées enserraient, tendues au maximum. Nul ne savait ce que pouvait bien contenir cette caisse, mais il était évident qu'il s'agissait là de quelque chose d'extrêment important.

La population regardait passer le groupe dans un recueillement absolu, et les gens restaient longtemps après, le nez tendu, avant de regagner leurs demeures sans dire un mot.

Les draconniers se dirigeaient vers une demeure extrêmement opulente, entourée de jardins somptueux, qui appartenait à Clifforle Benjan, un des plus riches négociants au monde.
Les gardes les laissèrent passer sans rien dire, et ils pénétrèrent dans un vaste hall d'entrée, où leurs pas résonnèrent de façon impressionante.

Clifforle Benjan les attendait.
C'était un homme d'une élégance et d'un raffinement extrêmes. Il était très maigre, et sa taille moyenne lui donnait une apparence plutôt chétive. Mais cette impression était balayée dès que l'on croisait son regard, incisif et pétillant d'intelligence.

Le membre des Fragments d'Opale qui ouvrait la marche, et qui semblait être le chef du groupe par les décorations en argent qu'il portait sur la poitrine, ainsi que par la longue cape blanche ornée de motifs tribaux dont il était paré, avança vers le négociant et s'arrêta devant lui à une distance de deux mètres.

Les yeux du marchand flamboyaient.
"Vous l'avez ?", demanda-t-il nerveusement.
Sous son magnifique casque, qui cachait complètement son visage, la voix du draconnier eut des inflexions très impressionantes.
"Nous l'avons, dit-il lentement. Nous avons l'oeuf".

(à suivre)
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Etrigane
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 15 Aoû - 17:14

Naissance d'Etrigane - IIème partie

Clifforle Benjan fixa la caisse avec une intensité qui trahissait son impatience. Il s'efforça de reporter son regard sur le chef des Fragments d'Opale, et lui dit en souriant:

"Si cette caisse contient bien ce que je crois, vous voilà riche mon cher."

Cette réflexion fut accueuillie par un silence. Le fait de ne pas voir le visage de son interlocuteur mettait le négociant très mal à l'aise. Lui qui était tellement habitué à diriger une conversation en observant avec précision les réactions de la personne qui lui faisait face se trouvait comme démuni, sans la moindre idée de ce que pouvait bien penser l'autre. Pour rompre ce malaise, il croisa les mains dans son dos et avança de quelques pas en direction de la caisse, faisant comprendre par ce geste qu'il voulait faire avancer les choses et en vérifier le contenu.

Le chef des Fragments d'Opale se tourna et fit un signe à l'un de ses hommes, celui qui poussait le petit chariot. Ce dernier récupéra une clef auprès d'un de ses camrades, et il commença à ouvrir chaque cadenas, l'un après l'autre, avec une lenteur qui exaspérait le marchand.
Une certaine tension régnait dans le grand hall. En plus de Clifforle et des draconniers se trouvaient quelques serviteurs, des gardes d'élite affectés au service du marchand, ainsi que ses conseillers, au nombre de trois. Tous gardaient le silence, les yeux braqués sur la caisse, qui n'allait plus tarder à révéler son contenu.

Lorsque toutes les chaînes furent tombées sur le sol, ce fut le chef des Fragments d'Opale qui prit en mains la suite des opérations. La caisse ayant été scellée par des clous, il utilisa une pièce de métal pour faire levier et forcer l'ouverture du couvercle, puis il fit tomber les paroies, et se poussa pour que tous puissent voir ce qu'il y avait à voir.

Ce n'était qu'un oeuf, mais un oeuf tel que peu d'hommes en avaient jamais vu. Il avait une hauteur de 70 cm, et son diamètre devait au moins atteindre les 50 cm. Il était noir, mais la coquille était parcourue de magnifiques zébrures blanches.
Il luisait doucement dans la lumière ambiante, et il semblait aussi dur que du métal.
N'y tenant plus, Clifforle Benjan se précipita vers lui et se mit à le contempler sous tous les angles.

"Sublime, murmurait-il en tournant très lentement autour de l'oeuf. Sublime."

(à suivre)
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Etrigane
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 15 Aoû - 17:15

Naissance d'Etrigane - IIIème partie

Un conseiller emmena le groupe de draconniers pour leur offrir leur récompense. Clifforle Benjan quant à lui avait oublié leur existence depuis longtemps, il observait avec une admiration mêlée de respect une chose que bien peu d'humains avaient eu l'occasion de voir.

Les dragons défendaient leurs oeufs avec une telle hargne que certains d'entre eux, sentant la défaite proche, préféraient détruire leur progéniture en se tuant avec elle, tout en s'arrangeant pour entrainer le plus d'hommes possible dans la mort.

Clifforle fit venir quatre serviteurs et, après mille recommandations proférées avec inquiétude et fermeté, l'oeuf fut transporté dans une petite pièce sombre, sans aucune fenêtre, qui jouxtait sa propre chambre. Puis il congédia tout le monde, impatient de se trouver enfin seul avec son inestimable trésor.

Les raisons qui poussaient cet homme à avoir fait une pareille acquisition étaient complexes et multiples. D'un point de vue bassement matériel, cette possession nouvelle allait asseoir son autorité auprès de la Chambre des Dix de façon indiscutable. Même si l'oeuf en lui-même ne servait à rien, le simple fait de le posséder montrait assez sa puissance et son habileté, or, dans le milieu des affaires, ce genre de choses comptait énormément, et suffisait a lui donner encore plus de poids qu'il n'en avait déjà dans les décisions. Clifforle savait évidemment cela, et il ne pouvait que s'en réjouir.
Mais ce n'était pas là sa motivation principale.
Aussi étrange que cela pouvait bien paraître pour une personne de sa condition, c'étaient bien des raisons mystiques et spirituelles qui l'avaient poussé à agir.
En face de lui se trouvait un profond mystère, quelque chose de fondamentalement différent de tout ce qui existait autour de lui, et cela le grisait tellement que l'argent en comparaison ne représentait qu'un plaisir vulgaire, à peine digne d'intérêt.
Il s'agenouilla devant l'oeuf, et ne put s'empêcher de sourire.

"Tu es tout ce que je ne suis pas, souffla-t-il avec une ferveur étrange, comme s'il était en train de prier. Ensemble, nous allons faire de grandes choses, de très grandes choses".

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 15 Aoû - 17:15

Naissance d'Etrigane - IVème Partie

Quelque part dans la chaine de montagnes du Nord de Midgard, douze hommes s'étaient réunis. Ils portaient tous les mêmes vêtements, gris et épais, et tous portaient un bandeau de soie noir qui leur barrait le front.
Leur visage concentré trahissait une préoccupation réelle.
Ils levèrent les yeux lorsque des pas crissèrent dans la neige, à quelques mètres d'eux.

Un homme fit son apparition. Il portait des vêtement gris et noirs, et s'était muni d'un manteau cape pour pouvoir supporter le froid qui régnait dans cette partie du monde. Sa peau très pâle faisait ressortir ses yeux verts et sa chevelure brune. Son visage était grave, presque triste. Il n'avait pas du tout la stature d'un combattant, il était trop fin, et ses mains semblaient avoir fréquenté bien plus de plumes que de poignées d'épées.

Il salua les douze hommes d'un mouvement de la tête, sans dire un mot.
En face de lui se trouvaient les Veilleurs Gris, une organisation très ancienne qui agissait dans l'ombre des royaumes pour étudier et comprendre les dragons. Ils s'efforçaient aussi de préserver leur existence de la folie humaine, et c'était pour cette raison qu'ils organisaient toujours des rencontres dans des lieux comme celui-ci, leurs activités leur promettant une exécution sans procès s'ils étaient arrêtés.

Le plus âgé d'entre eux prit la parole:
"Toi, tu es bien le fils de Chelim, archiviste de la petite ville de Shozee ?
- C'est bien moi, dit le jeune homme avec méfiance.
- Nous savons que tu t'intéresses aux dragons depuis longtemps déjà.
- Comment pouvez-vous savoir une chose pareille ?, fit-il, stupéfait.
- Nous le savons. Les arts de la guerre ne t'on jamais attirés, tu as souvent été étonné par la violence de tes semblables, par leur haine farouche de ce qui les dépasse...
- ...
- Ecoute moi bien, fils de Chelim, la lecture d'un grand nombre de signes nous a révélé une chose qui va te surprendre bien plus que tout ce que je te dis là."

Un silence accueillit cette phrase. Le jeune homme semblait sur ses gardes, mais pour rien au monde il n'aurait déguerpi en cet instant. Comment ces hommes savaient-ils autant de choses à son sujet, il n'en savait rien. Mais il avait déjà entendu parler des Veilleurs Gris, et il faisait partie de ceux qui approuvait leur action.

"Un dragon va naître bientôt, reprit l'ancien. Un dragon fait de noir et de gris, et nous avons décelé son nom. Ce dragon s'appelle Etrigane".

Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent. Il fit un pas en arrière.

"Tu sais ce que cela signifie, n'est-ce pas, Etrigane ? Ce dragon et toi, vous portez le même nom, ce qui représente un événement très rare. Que dis-tu de cela ?
- Je - je ne sais pas...
- Nous savons que tu es surpris, Etrigane. Mais je pense que tu dois être honnête avec toi-même, et lire au fond de toi, ce que te crie ton coeur."

Le regard du jeune homme se perdit dans la neige.
La révélation des Veilleurs Gris le bouleversait. Il savait parfaitement que toute sa vie pouvait changer à partir de ce point précis, et si cela le transportait de joie, cela l'effrayait aussi.
Il leva les yeux sur eux à nouveau.

"Où est-il ?", demanda-t-il simplement.
L'ancien du groupe ne put s'empêcher de sourire. Ce jeune homme avait manifestement peur, mais il semblait prêt à aller au-delà de sa peur pour vivre sa vie comme il l'avait toujours rêvé.
"Il est entre les mains d'un négociant très riche, et sans scrupule, qui ne doit absolument pas le garder", répondit-il après un court instant.

Etrigane comprit qu'il allait au devant de complications assez importantes, mais il avait également compris qu'il s'en voudrait pour le restant de ses jours s'il n'agissait pas.

"Nous t'aiderons", dit le vieil homme d'une voix grave.

(à suivre)
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Etrigane
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeJeu 16 Aoû - 0:41

Naissance d'Etrigane - Vème partie

Sarah pliait le linge avec soin dans la chambre du maître. Elle le savait méticuleux, particulièrement en ce qui concernait ses vêtements, qu'il souhaitait voir toujours impeccables.
Cela faisait sept ans qu'elle travaillait pour lui, elle avait commencé à l'âge de douze ans, et connaissait désormais tous les recoins de la vaste demeure de Clifforle Benjan.
Sarah était une jeune femme très jolie. Ses cheveux bruns maintenus par un chignon dévoilaient une nuque très fine et très élégante. Dans ses beaux yeux noirs, on distinguait à peine la pupille de l'iris, et cela lui conférait un regard doux et envoûtant.

Parfois elle était lasse d'exercer ce métier dénué d'intérêt. La nature l'avait dotée d'une intelligence plus que correcte, et elle ne devait sa situation actuelle qu'à la basse extraction dont elle était issue. Née ailleurs, dans une autre vie, elle aurait été une jeune femme courtisée et appréciée de tous. Ici, elle n'était personne.
La rigidité des castes lui imposerait probablement un mari sans finesse, et une vie toute tracée, répétitive et morne.

Ce matin là, elle se sentait particulièrement fataliste et découragée. Ce fut peut être la raison qui la poussa à se diriger doucement vers la petite porte du fond, celle où personne n'allait jamais faire le ménage. Elle était bien entendu fermée, mais pas ce jour là. Etrangement, elle était restée entrouverte, sans que la jeune femme pût s'expliquer pourquoi.
Le coeur battant, consciente du risque qu'elle prenait, elle approcha et regarda par l'embrasure de la porte. En vain.
Elle jeta un coup d'oeil par dessus son épaule, et, constatant qu'il n'y avait absolument personne, elle ouvrit la porte aux deux tiers.

Un oeuf trônait sur un coussin de soie, posé sur un large guéridon au centre de la pièce.
S'agissait-il d'un trésor ? Son maître étant négociant, c'était sans doute un objet rare et précieux, même si elle ne voyait pas pourquoi.

La coquille semblait émettre une vague lueur bleutée. Les nervures étaient si fines, si délicates, sur la surface noire. Un oeuf noir. C'était tout de même intriguant, et Sarah eut soudain envie de le toucher.
Elle approcha tout doucement, et elle posa délicatement la main sur la surface de cet objet étrange. La douceur de son contact fut une vraie surprise, et elle ne put s'empêcher de sourire.

Ce fut à ce moment que la porte claqua, la faisant sursauter.
Elle se tourna, et vit Clifforle Benjan qui la fixait, stupéfait et furieux.

"Tu n'aurais jamais dû faire ça", dit-il avec un tel calme que cela la glaça jusqu'au sang.

Et il l'entraîna dans les couloirs de la maison, fit convoquer ses hommes, ses conseillers, ainsi que tout le personnel de maison. Il réunit tout le monde dans le grand hall, avec une fureur muette qui pétrifia tout ce qui respirait chez lui.

Sarah fut placée devant les serviteurs de la maison.
Affolée, elle se demandait ce qui allait lui arriver. Il allait probablement la renvoyer, après l'avoir humiliée auprès de tous. Des larmes chaudes coulaient avec abondance sur son beau visage. L'idée lui vint qu'elle allait peut être rossée en public, et cela la tétanisa d'effroi. En tant que maître, il en avait parfaitement le droit.
Pour l'exemple.

Il prit la parole dans un silence absolu. Sa voix résonna dans tout le hall.

"Ce qui va se produire sous vos yeux doit vous inciter à réfléchir à l'avenir, avant d'aller fouiner dans mes affaires, ou vous aventurer dans des lieux que vous n'avez pas à fréquenter", fit-il d'une voix aigre.
Il prit l'épée d'un de ses gardes, se dirigea vers Sarah, qui fronçait les sourcils sans comprendre, et il lui transperça le coeur de la pointe de la lame, d'un coup sec.
La jeune femme s'écroula sur le sol, et son sang commenca à former un cercle autour d'elle. Clifforle laissa tomber l'arme sur le sol, et le bruit de la ferraille sur le marbre fut épouvantable.
Il jeta un regard noir à toute l'assistance, et s'en alla à grands pas.

Personne ne bougeait, personne ne parlait.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeVen 17 Aoû - 1:21

Naissance d'Etrigane - VIème Partie

Le jeune homme se sentait observé de toutes parts, même si personne ne paraissait s'intéresser particulièrement à lui.

Il se trouvait dans une salle un peu sombre, beaucoup de gens s'activaient et travaillaient pour essayer de mettre de l'ordre dans cet endroit encore très chaotique.

Les sages Veilleurs Gris lui avaient laissé quelques jours de réflexion, et lui avaient dit de se présenter en ce lieu s'il se décidait à aller vers son dragon. Il avait résisté à une décision impulsive et avait pris le temps de réfléchir, afin d'être sûr de son choix, et de ce qu'il impliquait.

Il avança en direction d'une jeune femme qui donnait des instructions, et qui semblait commander le groupe qui se trouvait là. Lorsqu'elle le vit venir, elle se tourna dans sa direction et lui lança un regard franc mais amical. Elle avait des cheveux châtains, des mèches tombaient harmonieusement, encadrant son visage fin à la peau très pâle. Ses yeux noisette brillaient d'intelligence et de détermination.
Le jeune homme s'arrêta net lorsque de jeunes dragons, encore à l'état de tritons, sortirent des ombres, et se pressèrent autou d'elle. L'un d'entre eux vint se nicher sur son épaule, d'autres s'enroulèrent autour de ses jambes. Celui qui était perché siffla en direction du nouveau venu.

"Fenrir !, fit aussitôt la jeune femme. Calme-toi mon Fenrir, cette personne n'apporte aucun danger en notre demeure".
le jeune homme la dévisagea un moment et finit par dire:
"Vous êtes DragonFly ?
- C'est exact...et vous êtes ?
- Etrigane.
- Heureuse de faire votre connaissance, Etrigane. Les Veilleurs m'ont exposé votre cas, il n'est pas banal.
- C'est ce qu'ils m'ont dit...
- Nous sommes le Clan des MastersDragons, et comme vous pouvez le voir, nous sommes en pleine reconstruction. Mais cela ne nous empêche nullement d'être actifs. Votre problème est épineux, car Clifforle Benjan est un homme puissant, mais j'ai toujours affirmé que la foi, et la vraie volonté, peuvent triompher de tout. Nous avons deux façons de régler les problèmes: la diplomatie ou la force. Dans ce cas précis, la diplomatie ne sera d'aucun secours, ou bien trop longue à mettre en place, il va donc falloir recourir à la force."

Le jeune homme eut un court temps de réflexion.
"Pourquoi faites -vous cela ?", finit-il par demander.
Un beau sourire éclaira le visage de la dragonnière.
"Pourquoi?, dit-elle avec bonne humeur. Mais parce que je ne peux supporter l'idée d'un dragon entre les mains d'un parvenu sans âme. C'est mon devoir de le lui prendre et de vous le remettre, vous êtes évidemment son propriétaire légitime.
- Je ne sais même pas quoi dire.
- Il n'est pas toujours nécessaire de parler."

Etrigane eut un mouvement de tête, qui montrait sa reconnaissance. Cette jeune femme l'impressionnait par sa volonté et son charisme, qui devaient faire d'elle un leader respecté et aimé.
"Vous êtes évidemment son propriétaire légitime"
Cette phrase dansa dans son esprit, et il en apprécia tous les contours, les implications, les espoirs.
Il allait s'en remettre avec confiance aux MastersDragons.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeVen 17 Aoû - 13:34

Naissance d'Etrigane - VIIème partie

Dans les ruines isolées d'un temple, quelques personnes s'étaient rassemblées dans ce qui fut autrefois la salle de prière. Agenouillés autour d'un enfant aux yeux aveugles, qu'ils appelaient le Démiurge, les Prêtres-Guerriers de Laenor attendaient d'entendre sa voix, car il était sorti de son sommeil et ses yeux blancs s'étaient ouverts. Il avait donc quelque chose d'important à dire.

Installé sur une estrade qui le placait en hauteur, le Démiurge demeurait presque immobile, assis en tailleurs sur un coussin en soie mauve très épais. Il avait des cheveux blonds très fins, et un visage androgyne, si bien que lui donner un âge n'était pas chose facile.

Il parla d'une voix douce et harmonieuse, et ses paroles furent recueillies dans un silence parfait:

Tous ces doigts étendus sur sa surface sombre.
Mais l'oeuf ne peut éclore entre ces mains souillées.
Il faut le déposer dans son nid de pénombre,
Dans un endroit secret aux portes verrouillées.

Et rien ne doit troubler sa lente gestation,
Ni vibration d'un mot, ni souffle d'un soupir,
Il doit être soustrait de toute agitation,
Enfants de Laenor, il est temps de partir.

Et même si toujours votre devoir sacré,
A su guider vos pas, vos âmes valeureuses,
Ne vous oubliez pas jusqu'à vous sacrifier,
Gardez bien à l'esprit que vos vies sont précieuses.

Ils s'imprégnèrent des paroles du Maître, qui déjà se rendormait. Ses paupières se refermèrent doucement, et sa tête bascula très légèrement sur le côté.

Les prêtres-Guerriers se redressèrent, et commencèrent à rassembler le matériel dont ils allaient avoir besoin.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeSam 18 Aoû - 15:24

Naissance d'Etrigane - VIIIème Partie

La salle était vaste, et éclairée de façon subtile. La luminosité, ni trop forte, ni trop faible, avait fait l'objet d'un soin minutieux. Il s'agissait en effet de pouvoir siéger autour de la grande table ronde en gardant suffisamment de pénombre sur soi pour pouvoir masquer des réactions trop vives face à certaines paroles. Les sièges étaient d'ailleurs éloignés de façon assez importante, de manière à ce que chacun dispose d'un espace privé dans lequel il pouvait se sentir à l'aise, et chez lui.

Lorsque Clifforle Benjan entra dans la pièce, les neuf autres membres de la Chambre des Dix étaient déjà présents. Ils le regardèrent avec froideur et méfiance. Jamais un membre ne s'était permis d'arriver en retard à une réunion du Conseil, il semblait donc évident pour tout le monde que le négociant l'avait fait volontairement.

Clifforle regarda ses pairs, l'un après l'autre, avant d'aller rejoindre sa place autour de la table ronde.
le plus vieux membre de la Chambre continua à parler comme si de rien n'était.
"Je disais que ces étoffes en provenance des contrées nordiques sont encore si peu connues que la clientèle raffinée des grandes villes de Midgard ne peut que se jeter dessus. Ils ne peuvent pas savoir à quel prix nous l'achetons sur place, ils ne verront que l'envie de nouveauté et l'éloignement géographique de ces étoffes, qui les rendra -disons- exotiques. Conservons donc le prix que nous venons d''estimer".

Clifforle savait qu'on était en train de le remettre à sa place, et de lui faire remarquer, sans mot dire, qu'il avait dépassé les bornes.
"Je reconnais bien là les vieilles méthodes de notre caste", se dit-il en souriant.

Un assesseur s'était mis à noter la décision prise par le conseil, mais le négociant retardataire quitta son siège, vint vérifier ce que l'employé écrivait, et lui arracha la feuille des mains. Il la déchira lentement, en souriant et en dévisageant les membres du Conseil.
"Depuis quand les décisions se prennent-elles sans moi ?", dit-il, toujours en souriant.
Ce fut Khaliun dor Ental, un homme énergique, spécialisé dans la vente des pierres précieuses, qui lui répondit:
"Votre retard équivalait à une absence de votre part, le Conseil ne peut se permettre de prendre du retard, vous le savez aussi bien que moi.
- Ma voix a compté infiniment plus souvent que la vôtre dans ce genre de décision, Ental, je vous serais grée de bien vouloir m'éviter vos sermonts à ce sujet."

Le doyen intervint.
"Clifforle, je vous trouve une attitude étrange, peut-être nous direz-vous ce qui ne va pas ?
- Ca n'a jamais été aussi bien, Justin. Je vous remercie de vous soucier ainsi de ma personne.
- Bon, je suppose que nous pouvons faire une exception et rediscuter le sujet que nous venons d"évoquer.
- Je ne suis pas là pour ça."

Un silence accueillit cette phrase. Les ombres entourant les conseillers ne suffirent pas à masquer leur trouble.
"Ils ne comprenent plus, se disait le négociant. ils me croyaient simplement vexé, ils découvrent que je ne le suis absolument pas. Leur inquiétude, peut-être même leur peur, fait plaisir à voir".
Il les dévisagea, mais il ne souriait plus. L'atmosphère était devenue franchement très lourde dans la pièce, et certains membres du Conseil bougeaient nerveusement dans leur siège.

Clifforle prononca alors les mots suivants, avec lenteur et gravité:
"Je possède un dragon".

Il laissa passer quelques instants, afin de laisser cette phrase se diffuser dans l'esprit de ses semblables. Puis il reprit:
"Ma voix comptera désormais pour cinq, et surtout, une part de vos bénéfices me reviendra de droit".

Cette fois, un murmure se répandit autour de la table ronde.
Le doyen se leva: "Comment pouvez-vous exiger une chose pareille, c'est inpensable ?! Vous êtes riche, peut-être le plus riche d'entre nous, qu'avez-vous besoin de nous extorquer ainsi de l'argent ?"
Clifforle le regarda droit dans les yeux, ses sourcils se froncèrent, et une détermination effroyable se lut dans son regard.

"Je veux lever une armée", dit-il, les dents serrées.
Le vieux marchand demeura un moment immobile, comme étourdi, puis il reprit sa place dans son fauteuil, et plongea comme tous les autres dans un profond silence.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeLun 20 Aoû - 22:35

[HRP] Texte écrit avec l'accord des joueurs des personnages de Drago, Palou et Flamwing, et d' Etrigane , bien sûr, avec qui nous écrirons en duo. [/HRP]




Naissance d’Etrigane – IXème partie.



- Tu es en retard…Le jeune homme avait à peine franchit le passage secret que la réplique tomba, implacable.

- J’ai été retenu… Répondit-il avec un haussement d’épaule, et le nouveau venu ôta la longue cape noir qui le couvrait entièrement.

- Un Problème ? Demanda la seconde des deux jeunes femmes assise à la table, dont la broche accrochée à son manteau signalé son appartenance à l’Ordre de la Magie.

- On peut appeler ça ainsi… Répondit le nouveau venu en s’asseyant à son tour.

Dans une pièce illuminée par ses 9 bougies, ils étaient quatre, installés autour d’une longue table. Quatre jeunes gens dont la réputation, pourtant, n’était déjà plus à faire.
Le nouveau venu, assit de façon nonchalante mais dont le regard, vif et sérieux, sondait le visage de ses trois interlocuteur, une jeune femme, magicienne à l’air brillante, calme et détendu, un jeune homme, dont les longs doigts taché d’encre et l’œil aiguisé attesté également de sa profession, et enfin une seconde jeune femme, assise en bout de table, qui n’était autre que le chef de leur petite assemblée.


- Arrête donc de tourner autour du pot et explique-toi Drago… Fit le dernier membre du petit groupe à n’avoir pas encore pris la parole.

Le dénommé Dragonnier jeta un coup d’œil à celle qui présidé la réunion, il la vit acquiescer et il commença donc.


« Benjan nous prépare un sale coup. » Annonça-t-il, et son précédant interlocuteur attrapa sa plume et se prépara à écrire. « Je suis allé trainer du côté de sa demeure et du voisinage, et on raconte en ville qu’il aurait fait assassiner une de ses servantes devant son personnel. D’autre part, ses quelques gardes ont triplé en effectif. Il en avait 5 avant. J’ai pu en compter une bonne douzaine aujourd’hui, et je suis persuadé qu’il y en a d’autres encore. Tous flanqués aux quatre coins de sa maison, à attendre. »

- Qui cherche t-il donc à impressionner ainsi à votre avis ? Questionna Palou, l’unique Archidruide en titre de leur meute.

- Le Conseil de Midgard peut-être… Répondit l’Archiviste Flamwing sans détourner le regard de ses écrits.

- Il est vrai qu’il a eut quelques ennuis avec eux l’an dernier…. Renchérit la magicienne en s’adossant à son fauteuil. Ce serait un avertissement ? Le Conseil l’a déjà accusé plusieurs fois de fraude, peut-être espère t-il s’en faire craindre et s’en détacher ainsi.

- Hum…j’suis pas convaincu par cette hypothèse la. A mon avis, ce n’est pas qui veut-il impressionner avec tant d’hommes, mais plutôt que veut-il cacher et protéger. Contesta le Nocturnier.

- Je pense qu’il y a des deux voyez-vous…Annonça DragonFly. Clifforle Benjan n’a pas caché son acquisition d’un dragon. La réception qu’il avait faite lorsqu’on lui à remit l’œuf, bien que privé, à fait du bruit. Or, les lois de Midgard sont strictes. Les draconniers sont interdit, et posséder un dragon qui ne nous a pas choisit est hors la loi.
Il craint sans doute l’intervention du Conseil de Midgard et cherche à les dissuader de s’approcher de lui en se protégeant ainsi.

- Peut-être, mais il faut être stupide pour croire que le Conseil à moins de quinze hommes à sa disposition pour s’emparer de lui. Commenta avec son cynisme habituel le jeune Archiviste.

- Oh en même temps tu sais Flamwing, le Conseil n’a pas que son cas à traiter. Avec la reconstruction de Midgard, ils ne doivent pas vraiment voir le temps d’agir pour le moment contre Benjan, d’autant qu’il faudrait préalablement mener une enquête….ce n’est peut-être pas si idiot que ça tu vois… Intervint Palou.

- D’autant que je vous ai dit environ quinze hommes, mais il en a peut-être plus… Ajouta le Nocturnier.

- En tout cas, merci Dragonnier, tes informations vont nous obliger à davantage de vigilance. Toutefois maintenant, il nous faut nous décider. Quand attaquons nous ? Demanda DragonFly, la chef de leur clan.

- Le plus tôt sera le mieux s’il prévoit d’augmenter encore ainsi le nombre de ses gardes.

- Palou n’a pas tord… Demain soir ? Proposa Dragonnier

- Pas avant après demain Coupa l’Archiviste en tirant un des documents de son sac et en le tendant au Nocturnier. Il y a six évolution dans le clan de prévu pour demain. Dont ce cher Nanaki si j’en crois mon papier… ajouta Flamwing avec un sourire.

- En effet . Répondit la jeune femme, non sans qu’une pointe de fierté ne vienne illuminer son regard. Cependant pourquoi attaquer de nuit ? C’est à ce moment là qu’ils nous attendront le plus. Certes, nous aurons le bénéfice de l’obscurité, mais vu notre nombre, je ne suis pas certaine que cela nous soit d’une plus grande aide que l’effet de surprise.

- C’est juste… Acquiesça Dragonnier. Dans ce cas, pourquoi pas une à deux heures avant l’aube ?

Ses trois interlocuteurs acquiescèrent silencieusement. Flamwing reprit l’un de ses documents en main et le lu alors à voix haute.


- Il nous reste à traiter le cas d’Etrigane…
- Tu tiens toujours autant à ce qu’il vienne avec nous DragonFly ? Demanda le Nocturnier d’un air sceptique.

- Et elle a raison Dragonnier, l’œuf appartient à celui qu’il choisit. C’est lui qui devra le prendre en premier. Reprendre l’œuf sans son véritable possesseur, ce n’est rien d’autre qu’un autre vole. Fit sagement Palou

- Hum il n’empêche que Drago soulève un réel problème. Commenta l’Archiviste qui s’était arrêté d’écrire et dont le regard perçant s’était porté sur leur chef. C’est un homme de lettres, pas un combattant, il nous l’a dit lui-même. S’il n’est pas capable de tenir une épée…

- Si nous ne somme pas capable de protéger quelqu’un, nous n’avons aucune chance de réussir, avec ou sans Etrigane. Il est hors de question de partir de cette citadelle en y laissant le véritable maître de cet œuf. Etrigane nous suivra, nous le protégeront, et nous le ramèneront sain et sauf, lui et son œuf, à la citadelle des Masters jusqu’à ce que le petit naisse. Conclut DragonFly, et les deux hommes n’insistèrent pas davantage, connaissant le caractère entêté de leur interlocutrice.

Ils discutèrent encore ainsi pendant un moment, avant que la première bougie, la plus petite, celle qui se tenait au centre de la table, ne s’éteigne.
Les quatre membres du Conseil des Dragons quittèrent alors les uns après les autres le lieu, empruntant chacun à quelques minutes d’intervalle des passages-secrets différents pour rejoindre le cœur de la citadelle.

Deux jours.
Là date avait été décidé. Dans deux jours, avant l’aube, la meute allait reprendre du service.



( à suivre )


Dernière édition par le Mer 29 Aoû - 13:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMar 21 Aoû - 20:29

Naissance d’Etrigane – Xème partie.

Il était bientôt quatre heures du matin. La nuit régnait encore en maître sur les terres de Midgard, et l’hiver ne faisait qu’agrandir son emprise. Au sommet d’un Mont déjà fort enneigé, caché par divers pics de montagnes qui se dressaient tout autour, les lumières de la Citadelle des Masters faisaient concurrence à la noirceur de la nuit.
Dans son bureau, quelque part dans l’aile ouest de la citadelle, au troisième étage, attendait DragonFly.

Quelqu’un toqua à la porte. Elle noua rapidement les deux dernières lanières de cuir qu’il lui fallait accrocher pour terminer de mettre son armure, et d’un signe de tête, demanda à la jeune fille qui l’assistait et lui servait de page – bien que DragonFly la considérait plus comme une petite sœur que comme une servante- d’aller ouvrir à celui qu’elle attendait.
L’enfant s’exécuta aussitôt et Etrigane entra dans la pièce. Il semblait soucieux et ses mains, jointes et crispées l’une sur l’autre, trahissaient son inquiétude.
La jeune femme vint lui tendre la main en signe de salutation. Il la serra d’un air absent.


- Vous m’avez l’air soucieux Etrigane. Fit-elle remarquer en lâchant sa main.
- Je le suis. Déclara-t-il franchement. Je n’ai jamais participé à une opération de la sorte. Je, enfin…Vous m’avez demandé avec quelle arme j’étais le plus à l’aise hier, aujourd’hui je regarde l’épée que je porte à la ceinture et je me demande seulement si je pourrais m’en servir. Je ne tiens à tuer personne…

La jeune femme le dévisagea de longues minutes en gardant le silence, puis, tirant sa propre épée de son fourreau, elle la lui tendit.

« Prenez cette épée. » Fit-elle abruptement, et c’était plus un ordre qu’une demande. L’homme obéit avec circonspection.

- Cette lame s’est planté dans le corps de plus d’une cinquantaine de personne, homme comme femme, Etrigane. Elle a été crée dans l’unique but de tuer, et du sang, pas toujours impur, la mainte fois recouvert.

DragonFly observa un silence. Le visage de son interlocuteur exprimé autant la peine que le dégout.


- Je n’y prends aucun plaisir, et je n’y en ai jamais pris aucun, comme personne dans mon Clan, d’ailleurs. Continua-t-elle. Cependant tout ne peut pas toujours se résoudre par les mots. Doit-on forcément employer la force, alors ? Je ne sais pas, je n’ai jamais trouvé de réponse à cette question, et si vous trouvez un jour une solution, confiez la moi. Toutefois il est des moments où il faut agir. Un Œuf de dragon vos bien cent vie humaine… la destiné d’un dragonnier quant à elle n’a pas de prix, elle doit s’accomplir, et ceux qui se dressent sur sa route se dresse contre le Temps même. Benjan est conscient de ce qu’il fait. Son blasphème ne mérite peut-être pas la mort, mais pour un homme tel que lui, seul la menace d’une épée pourra lui faire lâcher prise. L’arme que je vous demande de porter à la ceinture, Etrigane, j’espère qu’elle ne servira pas. Mais si l’instant où vous devez la sortir de son fourreau arrive, ne pensez qu’à une chose. L’importance de votre survit pour ce dragon. Ce qui se dressent contre vous agissent par inconscience, cupidité et folie, ne l’oubliez pas. Nul n’a le droit de vous séparer de celui à qui vous êtes lié de toute éternité.

Etrigane était resté immobile durant le discours de la jeune femme, le regard résolument braqué sur l’épée qu’il tenait à la main. Un instant passa avant que, lentement, ses deux yeux d’émeraude quittent la lame pour rejoindre ceux de la jeune femme.

- Je comprends. Fit-il, et son regard ne trahissait nul renoncement, mais une réelle écoute, tout au contraire.
DragonFly acquiesça et lui sourit, puis reprit son épée qu’elle rangea.


- Avez-vous rencontrez Flamwing ? Reprit-elle sur le ton de la conversation

- Oui, il m’a expliqué le rôle que je devrais tenir tout à l’heure.

- Parfait. Vous savez donc…

- Excusez-moi mais je me pose une question. Interrompit l’homme.

- Je vous écoute.

- Etes-vous habitué à ce genre d’opération ? Est-ce la fonction de votre clan ?

- Absolument pas Etrigane. Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des redresseurs de torts. Les Masters sont naturellement impliqués dans la vie de Midgard. Nous chérissons notre terre et la défendons quand elle est menacée. D’ordinaire cependant, nous ne nous mêlons pas de ce genre d’affaire, mais le cas présent est unique. Il concerne la naissance d’un dragon. Nous avons décidez de vous aider car la situation est grave, et parce que jamais notre meute ne fuit quand il s’agit de faire respecter les principes même du fondement de Midgard.

- Je vois.

- Mais ne vous inquiétez pas pour votre vie, nous sommes versé dans les arts de la guerre, nous saurons vous protéger. Ajout-t-elle en se méprenant sur la raison de son interrogation

- Ma question n’était pas la DragonFly. Il me fallait comprendre pourquoi un Clan tel que le votre avait décidé de me venir en aide, voilà tout. J’ai plus confiance en un groupe, même débutant, qui se bat pour ses convictions personnel qu’en une troupe de mercenaire réputé.

Un franc sourire naquit sur les lèvres de la jeune femme à ces paroles. « Et vous avez bien raison… » répondit-elle avant de retourner près de la porte.
Ils se dévisagèrent un instant.


- Etes-vous prêt, Etrigane ?

- Je le suis. Répondit-il, et DragonFly sortit alors de son bureau avec l’homme à sa suite. Il restait moins d’une heure avant le début des opérations. Elle se rendit dans la cour de la citadelle du crépuscule, dans laquelle attendaient déjà tous les dragons, les plus gros arborant une armure confectionnée par les membres des Masters eux-mêmes. Etrigane quant-à lui repartit dans les appartements qu’on lui avait donnés. Sur son lit avait été étendu la lourde armure qu'il devrait porter tout à l'heure. Il la regarda un instant, quelque peu troublé, puis l'enfila. Il devait leur faire confiance.
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 22 Aoû - 10:36

Naissance d'Etrigane - Intermède (1)

Etrigane n'entendait plus les bruits qui agitaient le repaire des MastersDragons. Enfermé dans sa chambre, il alla s'asseoir presque naturellement, comme par reflexe, au petit bureau qui avait été installé dans un angle de la pièce.
Il ne cessait de penser à la conversation qu'il venait d'avoir avec DragonFly. Les mots de la jeune femme l'avaient marqué profondément, et lui avaient fait envisager des choses sous une lumière nouvelle.
Ses sourcils se froncèrent, et quelque chose passa dans son regard. Il prit alors une feuille, trempa sa plume dans un petit pot d'encre, et se mit à écrire.

Berserker

Il ne sent plus son corps, la machine est lancée,
Rien ne peut apaiser ses yeux incandescents ;
Il rejoint la mêlée en hurlant puissamment,
Sa peau pour protection, rien ne doit l’entraver.

Dans chaque main il tient une hache en argent,
Instruments de sa rage ornés de vieux symboles,
Il les connait si bien, ces sœurs que rien n’affole,
Qu’ils ne forment plus qu’un et mélangent leurs chants.

Il fait pleuvoir les coups partout autour de lui,
Sa maîtrise est parfaite et les morts s’accumulent,
Tout s’abat devant lui, jamais il ne recule,
Sa vie n’est que combat, tout le reste s’enfuit.

Des lâches l’ont blessé dans le dos, par traitrise,
La blessure est mortelle, il le sait et grimace,
Il évalue le temps avant qu’il ne trépasse,
La mort essaie déjà d’affirmer son emprise.

Sa vie ne compte plus, il doit se surpasser,
Dix hommes devant lui sont en train de sourire,
Ils n’ont pas bien compris qu’ils vont bientôt mourir,
Ceux là sont oubliés, il les a écartés.

Et ses yeux rétrécis cherchent d’autres guerriers,
Combien d’entre eux encore avant de s’en aller ?


Lentement, Etrigane revint à lui-même. Il écarta la feuille de la main, et se mit à nettoyer sa plume d'un geste mécanique, sans même s'en rendre compte.
Ses mains tremblaient.

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeDim 26 Aoû - 20:01

Naissance d’Etrigane – XIème partie.


Il était prêt de six heure, et les lueurs de l’aube n’avait pas encore effleuraient Midgard.

Le Clan des MastersDragons était allé déposer ses montures dans une auberge de la cité-portuaire de Padrinn, et ils attendaient à présent le signal de leur chef de clan pour faire irruption dans la demeure de Cliffore Benjan.
Les Membres du Conseil avaient choisit de n’emporter avec eux qu’une trentaine d’hommes. Ils étaient composés de 15 guerriers et 10 magiciens, auquel s’ajoutaient les 4 membres du Conseil et Etrigane.

Le manoir de Benjan était une maison de commerçant souhaitant davantage impressionner pour sa richesse que sa force, et l’endroit était ainsi pourvu de trois entrées, ce qui était un fort désavantage stratégique.
Maat Sing, en tant qu’éclaireur, et Palou l’Archidruide menaient le groupe des magiciens, attaquant par la sortie Est du bâtiment.
Kyoshiro quant-à-lui, le Chevalier Dragon de la Meute, accompagné de Dragonnier, menait une troupe de dix guerriers et attaquerait par la porte principale : celle du Nord.
Enfin, DragonFly et Flamwing, menant un groupe de 5 guerriers, attaqueraient par le Sud.
Etrigane suivrait cette dernière troupe, la porte sud étant –selon les informations rapportées par leur Nocturnier- la moins pourvu de gardes.
L’homme n’avait pas tardé à se faire à l’accoutrement qu’on lui avait donné. Etrigane arborait avec une dignité non feinte l’armure de guerrier des masters qu’on lui avait demandé de prendre comme protection, et, à la grande surprise de DragonFly et des autres membres du Conseil qui avaient craint qu’elle ne soit trop lourde pour lui qui n’en avait certainement jamais porté de sa vie, l’homme se tenait bien droit et avançait avec une assurance qui les étonna fort.
Dans ses yeux vert s’était mis à briller une confiance nouvelle, et la jeune femme soupçonna leur précédente discussion d’être à l’origine d’un tel changement d’attitude.

Un instant passa où seul le silence de la nuit accueillit la venue du groupe. Puis, tirant silencieusement son épée de son fourreau, la jeune femme fit signe à ses membres de la suivre et l’opération commença.

A la porte Sud, à peine eurent-ils franchit l’immense muraille qui entourait la maison qu’un premier garde repéra leur éclaireur.
Le Guerrier des Masters partie aussitôt en courant vers l’ombre des arbres que contenaient les jardins du Manoir. Derrière ceux-ci attendaient le groupe de DragonFly, et le garde, pensant sûrement qu’il s’agissait d’un simple voleur, couru à sa suite.
Il n’eut pas le temps de comprendre. Un mouvement dans la pénombre se décrivit, et une fraction de seconde plus tard, le garde s’effondrait, une lance habillement lancé lui pourfendant la poitrine.

Silencieusement et telle la meute qu’ils étaient, les Masters se déployèrent dans les jardins et avancèrent lentement dans le domaine de Cliffore Benjan.
Leur objectif premier était simple : arriver à aller le plus loin possible dans le bâtiment sans se faire remarquer trop vite.
Alors que leur éclaireur tenté de crocheter la porte sud cependant, un cri retentit au loin.
Il venait du Nord. Kyo et Dragonnier devaient s’être fait repérer.
DragonFly pressa rageusement l’éclaireur d’ouvrir la porte pendant que d’autres cris s’élevés du Nord, mais c’était ceux de ses propres combattants cette fois-ci.
La bataille était lancée.
La Porte Sud s’ouvrit enfin, et le petit groupe de 8 s’enfonça aussitôt dans le Manoir. A peine eurent-ils franchit un premier couloir cependant qu’un nouveau garde les repéra et que deux autres accoururent à sa suite.
Les Guerriers des Masters eurent tôt fait de s’en débarrasser, toutefois les bruits de cette première lutte réveillèrent presque aussitôt le bâtiment endormit.


« Raaaah bandes de crétins, vous ne pouvez pas faire moins de bruit ! » Grogna l’Archiviste qui venait de se débarrassait d’un des soldats de Benjan d’un coup sec et silencieux.

« Qu’importe maintenant, nous somme déjà repéré et Dragonnier et Kyoshiro on dû drainer une partie de la garde. On prend à gauche ! » Ordonna DragonFly, et le groupe s’engouffra à sa suite dans les couloirs du Manoir.
Ils passèrent dans une large salle qu’on aurait pu prendre pour un salon et empruntèrent un escalier avant qu’un second groupe de garde ne leur tombe dessus. Ils étaient six, et les 5 guerriers du groupe s’en chargèrent pendant que Flamwing ouvrait une nouvelle porte qui débouchait sur un nouveau couloir.

L’endroit entier était en ébullition. Le chant de la bataille, ponctuer de cris et de lames crissant et s’entrechoquant retentissait de toute part.
Alors qu’Etrigane, Flamwing et DragonFly longeait le sombre couloir qu’ils venaient d’emprunter, ils découvrirent soudain, tétanisée, recroquevillée sur elle-même, une jeune servante qui les regardaient avec des yeux terrifiés.
Etrigane retint son souffle en voyant DragonFly s’approchait d’elle, l’épée toujours à la main, et il s’apprêtait à intervenir quand il remarqua qu’elle rangeait son arme et tendait la main à la servante pour qu’elle se relève.

« N’est crainte… »Lui souffla-t-elle. « Nous n’attaquons que ceux qui se dresse contre nous. »

L’homme ne sut si ce fut les mots de DragonFly ou la crainte qu’elle inspiré à la servante qui fit que celle-ci se releva.

« Chef…on a pas le temps pour ça ! » Fit l’Archiviste déjà exaspéré.

Mais DragonFly ne l’écoutait manifestement pas et elle demanda doucement à la jeune fille où se trouvait la salle la plus gardé du Manoir. La servante bredouilla des indications confuses en guises de réponse, et la jeune femme la remercia avant de rejoindre l’Archiviste qui l’attendait en fulminant au bout du couloir. Etrigane les rejoignit aussitôt.
DragonFly les mena alors à travers le Manoir, tentant de repérer les diverses choses dont lui avait parlé la servante.

Le plan des Masters semblait avoir marché à merveille. En bon commerçant qu’il été, Cliffore Benjan avait positionné son effectif de gardes tout autour de sa demeure et n’en avait laissé qu’une petite partie dans le Manoir en lui-même, partie que devait être en train d’affronter les 5 guerriers de leur groupe de départ.
Le Conseil du Clan avait néanmoins sous-estimé le nombre de gardes qu’avait pu acheter l’aristocrate. A eux seul, ils venaient déjà de croiser dix gardes, quand le Conseil avait cru que Benjan se serait entourait d’une douzaine d’hommes seulement. Au dehors, la bataille n’était par terminée, et pour tenir tête au groupe de Kyoshiro, il fallait nécessairement qu’ils soient au moins aussi nombreux. D’autres part…les magiciens menaient par Palou ne semblaient toujours pas être entré dans le bâtiment puisque l’objectif de chaque groupe était d’atteindre la salle de l’œuf, or ils étaient les seuls à être proche de celle-ci.
Combien Benjan avait donc t-il pu payer d’hommes ? La menace était-elle plus importante qu’ils ne l’avaient envisagé ? Qu’importait après tout, il n’était plus loin de la salle secrète.

Flamwing, Etrigane et DragonFly ne croisèrent personnes d’autres en avançant dans le Manoir.
Avant d’emprunter le dernier corridor au fond du quel était sensé se trouver la chambre de Benjan, et donc à côté la salle de l’œuf, l’Archiviste les arrêta.

« Il va nous falloir faire attention une fois dans le corridor. On ne sait jamais ce qu’un homme peut faire pour tenter de protéger son plus grand bien. »

L’homme et la jeune femme acquiescèrent à ces paroles et sortirent de nouveau tout deux leur armes.
Après un dernier coup d’œil à Etrigane, DragonFly ouvrit la porte.
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeLun 27 Aoû - 11:19

Naissance d'Etrigane - XII ème Partie

Ils s'étaient attendus à tout en poussant la porte, mais pas à cela.
Le corridor qui menait à la chambre de Cliforle était plongé dans une obscurité totale. La lumière qui se déversait de la porte qu'ils venaient d'ouvir n'éclairait que le tout premier mètre avant de mourir, vaincue par la densité du noir qui régnait ici.
Ils s'immobilisèrent, tous leurs sens en alerte.
L'Archiviste fit quelques pas sur le côté pour aller toucher le mur, et fit la même chose de l'autre côté aussitôt après pour vérifier la largeur du couloir.
"Quatre mètres", dit-il le plus faiblement possible.

Etrigane plissait les yeux, mais rien n'y faisait. Personne n'osait bouger, et la tension était étrangement bien plus crispante que pendant les combats qu'ils venaient de vivre.
DragonFly, extrêmement concentrée, guettait le moindre signe, et lorsqu'elle discerna devant eux un bruit de corde à peine perceptible, elle cria: "A terre !".
Les trois compagnons se jetèrent au sol, et partout autour d'eux, contre les murs, sur la porte, pénétrant dans la salle précédente, des flèches fusèrent, et ce fut un vacarme de quelques secondes qui leur parut durer des heures.
Ils durent ramper hors du couloir, en prenant garde à ne pas se blesser avec la pointe des flèches qui encombraient le sol, et, une fois revenus dans la grande salle, Flamwing referma la porte violemment avec le pied.
"Maudit soit-il !", s'emporta la jeune femme.
"Qu'allons-nous faire ?, s'inquiéta Etrigane. Ils doivent déjà avoir préparé une seconde salve là-dedans.
- C'est même certain, ajouta l'Archiviste. Ces ordures distinguaient nos silhouettes dans l'encadrement de la porte, là où nous n'avions aucune chance de les voir. Et quand bien même ils n'y voyaient pas grand chose, tirer à l'aveuglette dans un couloir laisse de bonnes chances de toucher quelque chose."
DragonFly n'intervint pas. Même si elle ne le montrait pas particulièrement, elle était en colère. Son regard devenu dur restait figé sur la porte.
"Suivez-moi", finit-elle par dire.
Ils rebroussèrent chemin et retrouvèrent les cinq guerriers qu'ils avaient laissé derrière eux. L'Archiviste leur exposa brièvement la situation.
DragonFly se tenait un peu à l'écart, elle semblait pensive et hésitante. Lorsqu'elle se tourna de nouveau vers ses camarades, son premier regard fut pour Etrigane. Elle semblait gênée, et cela redoublait sa fureur.
Avec un calme très apparent, elle dit:
"Quatre devant, quatre derrière avec des torches. Les quatre qui ouvrent la marche brandiront les corps des gardes que vous venez de vaincre, ils s'entraineront au tir sur les leurs, pas sur les miens".
Personne ne souffla mot.
Cette solution, si effroyable fût-elle, pouvait fonctionner, alors tous se mirent en action. Le jeune femme prit évidemment position devant, avec Flamwing et deux autres guerriers, et ils retournèrent dans le couloir. A peine la porte franchie, une volée de flèches s'abattit sur le groupe, transperçant les soldats morts de part en part.
Ils avancèrent. Les quatre torches flamboyaient, et donnaient enfin un aperçu de ce maudit couloir qui les tenait en échec depuis presque une heure.
Quelques instants passèrent avant que les flèches sifflâssent à nouveau, transformant les soldats en odieuses visions sanguinolentes.
"Lachez les corps", cria DragonFly. Et ils se précipitèrent dans le couloir. Les archers, n'ayant plus le temps d'encocher une nouvelle flèche, dégainèrent leurs armes et se battirent du mieux qu'ils purent.
Cela ne dura qu'une poignée de minutes, après lesquelles deux des guerriers entreprirent d'allumer les torches murales du couloir qui avait été éteintes pour les accueillir.
DragonFly se tenait au milieu du carnage, un peu pâle. Les sourcils froncés, elle semblait éprouvée par ce qu'ils venaient de vivre.
Etrigane la regardait, et ses yeux s'agrandirent soudain avec horreur.
Elle avait une flèche plantée dans le bras.
Avec lenteur, elle saisit le projectile à pleine main, ferma les yeux, et tira un coup sec. Le sang ruissela le long de son bras, et elle jeta la flèche sur le sol.
"Ce n'est rien, dit-elle pour rassurer le jeune homme. Continuons, l'oeuf nous attend".

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeVen 31 Aoû - 12:25

Naissance d'Etrigane - XIIIème Partie


La petite troupe continua sa progression dans le Manoir et la chambre de Benjan fut ouverte.
Ce fut sans surprise qu’ils la découvrirent vide, mais ils n’y entrèrent pas avec moins de prudence pour autant.
Seules quelques rares bougies éclairaient la pièce, et la groupe mit un instant avant de discerner dans l’obscurité les contours d’une nouvelle porte.
L’œuf devait se trouver derrière celle-ci.

Quelque chose inquiétait DragonFly cependant. Le nombre de soldats qu’ils avaient abattus à eux seuls était bien trop grand. Cliffore Benjan s’était-il attendu à leur visite pour qu’ils y reçoivent un pareil accueil ? Ce corridor était si bien gardé…l’avait-on avertit de l’attaque prochaine des Masters ? Ou bien avait-il d’autres objectifs concernant l’usage de ses soldats, des objectifs qui ne se contenteraient pas de n’en faire que de simples outils de défenses personnels ?


**Nous avons bien fait de laisser nos dragons à la Citadelle…** se répétait-elle. ** Le danger est bien trop grand pour nos jeunes tritons et lézards…**

Quand elle ouvrit lentement la porte de la salle de l’œuf, elle était plus que jamais sur ses gardes, et ce fut sûrement ce qui lui sauva la vie.
En effet, une lueur argentée brilla dans l’obscurité de la pièce et la jeune femme para du tac aussitôt. Avec rage, elle attaqua au fer, pour enfin se débarrasser de son adversaire avec un coup en pleine poitrine. Flamwing, suivit des 5 gardes et d’Etrigane, n’en attendirent pas davantage pour s’engouffrer à leur tour dans la pièce.
Il n’en fallait pas plus pour que le combat fût lancé. Au centre de la salle, sur un socle en argent brillait l’œuf de manière diffuse, unique source de lumière de l’endroit. La salle était de forme circulaire et si le centre était suffisamment éclairé par les lueurs qu’émettait l’œuf, les côtés, au contraire, étaient plongées dans la pénombre la plus totale.
Les Masters étaient clairement en infériorité numérique. Les coups pleuvaient de tous les côtés, les soldats de Benjan semblaient apparaitre de partout à la fois et à peine l’un d’eux étaient-ils tombés que deux autres gardes attaquaient à sa suite.


« En cercle autour de l’œuf !! » hurla DragonFly dans la mêlée, et ses membres ne tardèrent pas à la rejoindre. D’un coup d’œil en arrière, elle s’assura de la position d’Etrigane.
L’homme se débattait comme un lion aux côtés de Flamwing, l’Archiviste veillant à ce qu’il ne lui arrivât rien.
Le sifflement d’une lame à côté de son oreille ramena l’attention de la jeune femme à son combat. D’un revers, elle écarta le coup qu’on lui portait et elle riposta aussitôt avec violence. Sa lame se planta profondément dans l’épaule de son adversaire qui hurla de douleur et lâcha son arme, cependant la jeune femme avait depuis longtemps appris les Lois de la guerre et elle acheva aussitôt l’homme qui se tenait devant-elle.
Un combattant n’est inoffensif qu’une fois mort…
Le cœur de DragonFly se serra toutefois quand, en face d’elle, elle vit tomber l’un de ses guerriers. Du coin de l’œil, elle remarqua qu’un de ses membres s’apprêtait à quitter le cercle pour venger son compagnon.


« Ne bouge pas ! » Ordonna-t-elle aussitôt « Si nous quittons le cercle nous sommes perdus ! » , mais le crissement des lames était trop fort, la vengeance trop tentante, et le guerrier des Masters ne l’entendit pas. Il quitta le cercle qu’avait formé le clan autour de l’œuf et trois soldats lui tombèrent dessus aussitôt.

Quand un être développe le sentiment d’appartenance à une meute, celui-ci devient plus fort que la peur ou la raison, et il se fait si intense qu’il en devient vital. Le Loup sait lorsqu’il doit fuir, et il a la notion de Sacrifice. Néanmoins, quand l’un de ses frères fait un faux pas, c’est toute la meute qui en pâtie, et la force des loups se situe dans le fait qu’à cet instant, c’est la meute entière qui se bat pour le réparer, même si cela doit-être au péril de sa vie.

Il en fut ainsi pour cette bataille. Le groupe n’hésita pas un instant, et le guerrier ayant quitté le cercle fut rejoint par ses 6 autres frères de meute et par Etrigane qui semblait avoir bien compris l’esprit du clan entre les mains duquel il avait remis sa vie.
Le Clan se regroupa instinctivement en un cercle plus petit cette fois-ci afin de rester inattaquable sur les côtés, et la bataille reprit de plus belle, dans une semi-obscurité cette fois-ci.
La blessure au bras de la jeune femme se faisait de plus en plus douloureuse au fur et à mesure qu’elle parait les coups de ses adversaires, mais elle n’était plus seule à souffrir. Ils étaient presque tous blessés à présent, et la vue de la longue entaille qui barrait la jambe d’Etrigane ne fit qu’accroitre la crainte de la jeune femme.
Ils allaient mourir.
Les mots raisonnaient dans son esprit au rythme des battements affolés de son cœur et des entrechocs des épées. Un nouveau guerrier des Masters tomba devant ses yeux… la peur lui saisit le ventre et emplit ses poumons de son souffle glacé.
Non ! Pas ainsi, et certainement pas en ce lieu ! Ils devaient tenir, c’était leur seul chance, les magiciens de Palou et les guerriers menés par Drago et Kyoshiro ne tarderaient pas à venir en renfort.
Personne ne vint cependant. Les minutes s’écoulèrent, les morts s’entassaient autour du cercle des combattants, mais les soldats de Benjan étaient toujours plus nombreux et la fatigue et l’épuisement étaient tels que les Masters ne se battaient plus que par la force de leur seule volonté.
Soudain, une souffrance épouvantable naquit du flanc de la jeune femme, souffrance qui se répercuta dans tout son corps et envahit chacun de ses muscles. Elle était de nouveau touchée, et la douleur brouillait sa vue et rendait ses membres tremblants.
Son nouvel adversaire était un tout jeune homme qui ne devait pas avoir 18ans, et s'il ne tiendrait pas longtemps son rythme d’attaque, chacun de ses coups étaient portés sans retenue et DragonFly avait de plus en plus de mal à parer.
La force finit par définitivement lui manquer, l’ennemi tapa plus fort sur son épée, et la jeune femme lâcha son arme, ses genoux pliant sous elle.

Les renforts n’étaient pas venus.

Les autres membres des Masters avaient dû subir le même sort que son adversaire lui donnerait bientôt…
Mourir ainsi...jamais elle ne l’aurait pensé.
Le jeune homme se redressa de toute sa hauteur, s’apprêtant à lui porter son dernier coup.
Cependant le destin semblait avoir réservé un autre sort à la jeune fille et aux Masters, car brusquement, une terrible explosion retentit et le mur s’effondra littéralement, emportant dans sa chute trois des soldats adverses.
Une fumée opaque se repandit dans la pièce. Le combat n’était pas encore terminé…



( à suivre )
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeVen 31 Aoû - 22:27

DragonFly se frotta les yeux, et essaya de discerner quelque chose dans le chaos ambiant. Le jeune soldat qui l'avait menacée la regardait, tête penchée sur le côté, les yeux grands ouverts. La lance qui lui traversait la poitrine remua, comme si elle fouillait dans ses entrailles, puis elle partit brutalement en arrière, et le soldat s'écroula sur le sol. Le lancier qui se trouvait derrière fit un signe de tête à la jeune femme.

Ils regardèrent autour d'eux. On se battait, mais les gardes de Benjan, surpris par l'explosion et l'arrivée soudaine de nouveaux guerriers, semblaient franchement en déroute.
"Mais qui sont ces gens ? ", se demandait DragonFly.
Un bruit attira son attention, et elle avanca, poussant de la main la poussière qui saturait l'atmosphère. Au fond de la pièce, à l'écart de la zone de combat, Etrigane se trouvait contre un mur, devant un homme de Benjan désarmé qui se battait avec lui.
Le jeune homme ne pouvait rien faire, il n'avait jamais reçu de formation militaire, et n'avait aucune notion de combat à l'épée. Toutes ses parades étaient gauches et malhabiles, il se trouvait toujours dominé dans les passes et les assauts, cantonné exclusivement à une position défensive qu'il ne pouvait tenir longtemps. Son ennemi se rendit bien vite compte de son inaptitude, et une botte enfantine, qui consistait à viser l'épaule droite, et à casser le poignet pour attaquer en fait le flanc gauche, eut raison de la défense du jeune homme. Le coup, très violent, avait traversé l'armure, et le soldat retira une lame rouge de sang du corps d'Etrigane, dont le visage était déjà crispé par la souffrance.
DragonFly grimaça, et sembla oublier ses douleurs et sa fatigue. Elle trouva même la force de crier en se précipitant, afin que le soldat abandonnât sa proie sur le champs. Cela fonctionna puisqu'il fit volte-face pour regarder son adversaire.
Adossé au mur, Etrigane regardait droit devant lui. Ses yeux verts noyés de sang n'exprimaient plus rien. Il sembait sur le point de mourir. Ses forces l'abandonnèrent, il glissa le long du mur, se retrouva assis sur le sol, et il ferma les yeux.
La colère de DragonFly la brûlait de l'intérieur. Le soldat donna l'impression de le sentir, car alors que lui n'était pas blessé, il recula d'un pas et fronça les sourcils. Il attendait que la jeune femme fut suffisamment proche pour porter une violente attaque en avant. Son épée jaillit droit devant, et ne rencontra que le vide. Avec une grâce infinie, DragonFly avait effectué une esquive qui l'avait fait tourner sur elle-même, comme un pas de danse, et dans l'exécution de ce mouvement, elle avait tendu le bras qui tenait son glaive. Profitant de la vitesse d'exécution du mouvement, sa lame fut tranchante comme un rasoir, et la tête du soldat roula plus loin, dans des gerbes de sang.
Elle l'avait déjà oublié, et se jetait sur Etrigane.
Elle lui leva la tête, le forçant à le regarder, et le secoua doucement pour qu'il reprenne connaissance. Il ouvrit lentement les yeux.
"Je vais mourir, dit-il d'une voix faible.
- NON !, hurla la jeune femme. NON ! TU VAS VIVRE ! TU M'ENTENDS, TU VAS VIVRE !"
Elle le gifla de toutes ses forces, et les yeux du jeune homme s'ouvrirent en grand.
"Tu vas vivre, dit-elle avec rage. C'est bien compris ?"
Elle le lâcha, et évalua la situation au milieu de la pièce. Les nouveaux venus se battaient comme des diables. Celui qui semblait être leur chef la repéra et se dirigea aussitôt vers elle.
"Prenez l'oeuf, cria-t-il pour couvrir le vacarme ambiant. Prenez l'oeuf, le Maître vous fait confiance.
- Mais qui êtes-vous ?,demanda la jeune femme.
- Nous sommes les Prêtres-Guerriers de Laenor.
- Je n'ai jamais entendu parler de vous, mais merci".
Flamwing et un guerrier du clan portaient Etrigane. Elle réclama l'aide d'un autre guerrier pour prendre l'oeuf, et ils se frayèrent un chemin que leur ouvrit les Prêtres-Guerriers.
DragonFly n'avait aucune idée de ce que les autres membres du clan étaient devenus.
Elle jeta un coup d'oeil sur Etrigane, inconscient, et une sombre inquiétude se lisait dans son regard.
Il fallait partir, les autres étaient des Masters chevronnés, ils s'en sortiraient.

(à suivre)

>>>> la fin a été modifiée, relisez-là ^^
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeSam 1 Sep - 10:36

Naissance d'Etrigane - Intermède (2)

Etrigane se déplace.
C'est la conscience morte des êtres éphémères, anéantis, rappelés à la certitude du rien.
Qui rampent.
Lumière incertaine qui tremble quelque part dans ces ténèbres sans fond, où les pensées et les rêves s'abîment éternellement.
Et les doigts qui se crispent.
Est-ce la fièvre ? Est-ce ainsi que s'expire le souffle dernier ?
D'où vient cette eau brûlante qui semble vouloir couler sans fin ? Qui ferme les paupières sur son chemin de flammes.
Les forces effacées de ces voeux calcinés. Qui manquent au corps, qui manquent à l'âme, et comment se lever désormais ? Comment envisager la certitude des jours ?

"TU VAS VIVRE !"

Avance.
Avance.
Un milliard d'ombres qui pèsent sur ton dos. Et ton échine qui frémit encore au son de cette voix.
Et tu souris, au-delà de ta douleur. Et tu avances.

"TU M'ENTENDS, TU VAS VIVRE !"

Pas si loin cette lumière.
Le vol des papillons devra attendre peut-être, et rejoindre la ronde des âmes qui s'en vont sera le jeu d'un autre jour.
Si seulement ce linceul n'était pas si présent, si serré, si seulement c'était si simple.
Ecoute sa voix.
Avance.
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeMer 5 Sep - 22:09

Naissance d’Etrigane XVème partie.


- Vous êtes certain d’avoir inspecté toute la zone ?
- Assurément ma Dame, nous ne les avons pas trouvés.
- Vous avez bien exploré chaque souterrain ?
- Tous ceux qui figuraient sur la carte que vous nous aviez fournis.
- Et rien ?!
- Rien.

La jeune femme se laissa aller contre le dossier de son fauteuil avec un soupir. Cela faisait maintenant une semaine que les Masters étaient rentrés à la Citadelle du Crépuscule, et DragonFly n’avait pas perdue de temps. Elle avait lancé des recherches aux quatre coins de Midgard, avait fouillé la bibliothèque du Clan entièrement, mais rien, pas même un indice. L’éleveuse n’avait aucune idée de l’identité du groupe qui leur était venu en aide.


- Peut-on vous être autrement utile ?

La jeune femme réfléchit un moment, puis ses yeux se portèrent de nouveau sur la carte de l’archipel qui s’étendait sur la table. Elle la parcourut longuement du regard, puis :

- Hum…Non. Emportez mes remerciements, toi et tes hommes, pour le travail effectué. Votre mission se termine là.

La sentinelle des Masters s’inclina et sortie du bureau de DragonFly. Celle-ci en profita pour réfléchir davantage.
Les prêtres-guerriers de Laenor... Pas un document ne mentionné leur existence, le registre de la création des clans avait été fouillé, et aucune date ne correspondait au nom que lui avait donné le chef des inconnus. Leur nombre et leur habilité au combat ne laissé aucun doute sur leur puissance cependant. Et encore….comment savoir s’ils en avaient vu une escouade seulement ou bien si c’était leur groupe entier qui était venu les aider ?
Et pour quelle raison cette aide, d’abord ? La jeune femme restait perplexe.

Ne trouvant nul réponse à ses questions et ayant trop peu d’élément pour de toute manière en avoir, elle fini par sortir de son bureau et elle emprunta un des couloirs de la citadelle. Après avoir descendu un étage et avoir rejoint l’aile est du château, elle ouvrit doucement une fine porte de bois. Une luminosité changeante, des fumées aux couleurs étranges, des odeurs de jardins et de fleurs, ainsi qu’une cinquantaine de lit propre et promptement installés en ligne ; elle était bien dans l’infirmerie des Masters. Un groupe de magicien du clan s’était spécialisé depuis longtemps dans les domaines de guérison, et devant le succès qu’avait eut plusieurs de leur opération, DragonFly avait fini par leur donné la charge de ce que l’on aurait pu qualifier de clinique médical, mais qui avait plutôt ici des airs d’ateliers de magie. Seize des lits de l’endroit étaient occupé. Les blessures heureusement n’étaient pas toute grave – La jeune femme avec sa plaie au bras et au flanc aurait d’ailleurs dû être allongé dans l’un de ses lits, bien qu’elle refusa catégoriquement de se reposer après de telles évènements-, mais la bataille du Manoir de Benjan avait affaiblit une bonne partie du groupe qui s’y était rendu. Au total, on pouvait compter six morts dans le clan. C’était certes peu en comparaison à tous les soldats de Benjan qui avait péris sous leur coup, mais pour DragonFly, cela semblait énorme. Six…six membres de la meute ayant rejoint l’au delà en une attaque. Six…la jeune femme s’en voulait terriblement de n’avoir pas attendu d'avoir suffisament de renseignement avant d’attaquer.

Elle traversa la pièce sur ses sombres pensées avant d’ouvrir une petit porte menant à une chambre à part. Etrigane ne faisant pas parti du clan ne pouvait partager son intimité, et il avait été installé dans une annexe de l’infirmerie.

Quand DragonFly entra, il dormait encore. L’homme avait longtemps été dans le coma et la chef de meute avait craint pour sa vie, cependant cela faisait deux nuits qu’il s’était réveillé et elle avait prit l’habitude depuis leur retour à la citadelle d’aller le voir chaque jour. Elle n’avait jamais pu être présente lors de ses éveils toutefois.

Elle s’assit silencieusement sur un siège posait non loin du lit du malade et attendit, soucieuse. Le bandage qui entourait le ventre d’Etrigane était imbibé d’un sang noir, son visage était encore couvert d’hématomes, et bien que sa sortie du coma l’eut rassuré, la jeune femme restée inquiète.
La colère l’envahit lorsqu’elle remarqua que le bandage en question n’avait pas été changé depuis le matin et elle s’apprêtait à passer un savon aux infirmiers et aux mages quand elle remarqua qu’ils étaient déjà tous afféré à la tache, s’occupant activement des autres blessés. Avec un soupir, elle se retourna donc vers Etrigane et commença à déroulé elle-même le bandage de celui que le clan avait choisit de protéger.

Elle le fit le plus doucement possible, cependant le sang séché avait collé peau et vêtement ensemble, et en enlevant le tissu, l’homme se réveilla.
Des sueurs froides avaient pris possession de son corps face à la douleur et il dû cligner plusieurs fois des yeux avant qu’ils ne perdent un peu de leur humidité, mais la vue de la jeune femme pensant sa plaie le laissa muet.

Dès lors, un silence embarrassant commenca à s'installer, et, le remarquant, DragonFly préféra le briser aussitôt.


- Vous allez mieux ?
- Un…un peu oui je crois. Acquiesça-t-il. L-l’œuf est en sécurité ?
- Ne vous en faites pas pour lui. Il est dans ma propre chambre, et mes douze dragons veillent comme si ils étaient l’un des leurs. Il est en sécurité maintenant.
- Quand pourrais-je le voir ?
- Quand vous me répondrez « je vais mieux » plutôt que « je crois ».

Etrigane se tut quelque instant. Sans qu’il ne comprenne réellement pourquoi, le fait que ce fut la jeune femme elle-même qui s’occupa de ses soins le gêné profondément et il préféra ne pas la regarder faire. Alors qu’elle était en train de nettoyer sa plaie toutefois, il fini par lui en faire la remarque :


- Pourquoi est-ce vous qui soignez ma blessure ?
- Nos mages blancs sont tous occupés avec les membres du clan qui ont été eux aussi blessé. Votre bandage devait être changé, alors je le fais.

DragonFly termina la confection de son nouveau bandage et ses yeux rejoignirent ceux de son interlocuteur.


- Il me faut vous poser d’importantes questions Etrigane. Vous sentez vous prêt pour une discussion sérieuse à présent ?
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeJeu 6 Sep - 20:24

Etrigane regarda la jeune femme, et il s'aperçut immédiatement à quel point elle semblait attendre beaucoup de cette conversation. Malgré sa fatigue et les douleurs qui traversaient encore son corps blessé, il se concentra et se prépara à une discussion sérieuse.

Lorsqu'elle put voir à son regard qu'il avait compris ce qu'elle attendait de lui, elle reprit la parole:

"J'aimerais savoir comment vous envisagez la suite des événements, par rapport à l'oeuf, et au dressage de votre futur dragon."
Etrigane réfléchit un moment, afin d'être bien sûr de ce qu'il voulait répondre, puis un sourire apparut sur son visage, et il dit d'un air enthousiaste:
"Je vais partir d"ici au plus tôt, et emmener l'oeuf dans une caverne connue de moi seul. Ce sera vraiment passionant ! Je n'ai pas encore réfléchi au dressage, je dois avouer, mais j'improviserai !"

Un silence accueillit cette phrase.
Quelque chose passa dans le regard de la jeune femme, mélange de surprise, de tristesse et de colère. Elle regarda un moment le sol, d'un air un peu abattu, mais quand ses yeux se portèrent de nouveau sur Etrigane, ils flamboyaient.

"Vous ne comptez donc pas rester avec nous ?, dit-elle doucement.
- Eh bien, je me disais que ce serait vraiment fantastique de vivre cette expérience exclusive, c'est un moment tellement magique."

DragonFly le regarda avec intensité. La colère prenait le dessus dans ses yeux assombris.
"Magique, hein ?, dit-elle brusquement. Six de mes hommes ont laissé leur vie pour vous aider à récupérer votre précieux oeuf, et vous ne pensez qu'à votre expérience "magique" ?

Elle tourna le dos au jeune homme, et croisa les bras.
"Vous n'avez pas le sens de la meute", dit-elle avec une émotion étrange dans sa voix. Et comme il ne disait rien, elle ajouta: "Je ne croyais pas cela de vous, Etrigane."
Un silence durable s'installa entre les deux interlocuteurs.

Etrigane, complètement perdu, ne savait plus que dire ou que faire. Il fixait un point invisible de l'espace, plus gêné qu'il ne l'avait jamais été de toute sa vie.

DragonFly réfléchissait. Et, d'une façon caractéristique de sa personne, elle se retourna enfin vers le jeune homme et parla avec une énergie impressionante:
"Je ne vous laisserai pas vous enfoncer dans cet égoïsme insupportable, vous n'êtes pas comme cela, je le sais. Vous ne savez rien de l'éducation d'un dragon et des qualités d'un dresseur. Vous devez apprendre, écouter ceux qui savent. Comment pouvez-vous seulement penser que je vais vous laisser partir ainsi ? J'ai engagé mon clan dans cette aventure, et six des miens y ont trouvé la mort. Alors je vous demande de réfléchir, de réfléchir intensément, Etrigane, parce que vous avez une responsabilité par rapport à nous et à ce qui vient de se passer."

Etrigane la regardait, incapable de prononcer un mot.
DragonFly plongea ses yeux dans les siens, et ajouta:
"Vous m'avez déçue, mais je suis prête à vous écouter. Faites-le maintenant, je ne saurai remettre cette conversation à plus tard".

(à suivre)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeSam 8 Sep - 15:21

De nouveau, un silence.

Les paroles de la jeune femme étaient troublantes, et Etrigane voulait bien choisir ses mots pour lui répondre cette fois ci.
Son but n'était pas de la mettre en colère. Elle n'avait sûrement pas idée de combien il lui était reconnaissant, cependant il se devait de mettre les choses au clair, et vite s'il ne voulait pas que le côté possessif de la jeune femme ne s'empare de lui comme elle semblait vouloir commencer à le faire.


- Dame DragonFly, je ne voulais pas vous blesser. Toutefois que savez-vous de moi pour ainsi être déçut ? Pour me dire que je ne suis pas ainsi ? Vous avez accepté de m'aider, certes, je vous en suis réellement reconnaissant mais...mais jamais je ne me suis engagé envers vous. Vous avez était mise au courant du fait qu'un dragon au même nom que le mien allait naitre, et vous êtes venue me chercher pour me venir en aide, cependant quelque part...je ne vous ai rien demandé !

La jeune femme ne s'attendait pas à une telle réponse, et la colère vint de nouveau allumer son regard. Lorsqu'elle lui répondit, ce fut d'une voix lente, mais bien plus froide qu'à l'accoutumé.

-Ainsi, vous estimez n'avoir aucun compte à nous rendre.
Vous auriez raison Etrigane si l'on vous avez forcé à nous laisser vous aider, si l'on ne vous avez pas laisser le choix. Vous avez également raison dans le sens ou nous ne vous avons rien demandé en retour, et ou effectivement, officiellement, vous ne nous devez rien.
Votre réponse me déçoit d'autant plus cependant que si je ne vous demande rien en retour, en revanche, j'exige de vous réflexion et responsabilité.
Car ce que nous vous avons rendue, ce n'est ni un objet, ni un vulgaire animal. Six de mes hommes sont morts pour reprendre se dragon à un être vile et stupide qui n'aurait pas su l'élever. Ils n'auront pas fait ce sacrifice pour rien, et je ne laisserais pas l'œuf retomber entre de pareilles mains.
Partir seul avec lui ? Dans un lieu connu de vous seul ? Etrigane...avez vous seulement idée des besoins quotidien d'un dragon ? Savez-vous comment les lui procurer ? Vous rendez vous compte que si vous vous faites tuer dans la forêt, le dragon mourra avec vous ?

Je ne m'attendais ni à tant de naïveté de votre part, ni à tant d'égoïsme, et c’est bien pourquoi je suis déçus.

Etrigane fut de nouveau interpelé par ses paroles, d’autant que toute trace de chaleur et de sympathie avait quitté le visage de la jeune femme pour n’exprimait plus à présent que froideur et distance.
L’homme était toujours allongé dans son lit, et son titre même de blessé lui semblait être un désavantage dans leur discussion. Il tenta donc de se redresser sur ses coudes, cependant la douleur qui le saisit au ventre fut-elle qu’un cri de souffrance lui échappa et qu’il se recoucha aussitôt.
Si DragonFly été énervé, l’attention qu’elle portait à l’homme n’avait pas disparut pour autant et elle se rassit aussitôt sur sa chaise, manifestement inquiète.


-Ne bougez pas Etrigane ! fit-elle en posant légèrement sa main sur le bandage qui entourait son ventre pour appuyer ses paroles.

- Je…je ne veux pas être vu comme quelqu’un dont on doit s’occuper DragonFly. Répondit presque brusquement celui-ci. Je suis moins stupide et moins ignare que vous ne semblez le croire. J’ai longtemps étudié la dragonologie, je sais ce dont-ils ont besoin. Certes, je n’en ai qu’une connaissance théorique, mais je ne suis pas non plus un enfant ! Vous disiez tout à l’heure que je n’avais pas le sens de la meute…et bien non, je ne l’ai pas, et je ne fais pas non plus partie de votre meute. Je suis désolé que cela vous vexe, mais je ne me vois pas partagé avec des gens que je ne connais que peu un évènement aussi intime que la naissance de mon dragon.

Ce fut au tour de la jeune femme de se murer un instant dans un silence étonné. Cependant elle n’était pas femme à se faire intimider par des paroles, et soudain, elle se releva et plongea deux yeux furieux et décidé dans ceux de sont interlocuteur.

- Hé bien soit. Conclu-t-elle. Puisque vous ne faites pas partie de la meute, et que vous ne vous reconnaissez apparemment pas comme l’un de ses amis, vous êtes donc ici en territoire hostile et dans lequel vous n’êtes pas le bienvenu. Etrigane, l’œuf est dans ma chambre. Venez donc l’y chercher si vous en trouver le courage. En attendant, il est sous notre protection, car il est du devoir de tout Midgardien de protéger les dragons, et je ne saurais manquer à mes devoirs. Faites donc ce que bon vous semblera, mais tant que vous ne m’aurez pas prouvé que vous êtes dignes de se dragon, et que vous êtes apte à le protéger tout seul dans cet endroit où vous souhaitez vous exiler, je le considère comme membre de ma meute.
Ah…et faite attention, il est bien gardé. Nanaki et mes autres dragons veillent, et ma propre épée n’est jamais loin de moi, même la nuit.

Sur ces dernières paroles et après un dernier regard irrité à Etrigane, la jeune femme quitta la petite pièce.
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeDim 9 Sep - 13:06

Naissance d'Etrigane - XVIème partie

[ce rp étant très long, je le posterai en trois fois, suite ce soir et demain matin...]

La convalescence d’Etrigane dura encore une dizaine de jours, avant qu’il ne fût définitivement remis de ses blessures. Pendant tout ce temps, les paroles de DragonFly se révélèrent particulièrement exactes : la Citadelle était belle et bien devenue un « territoire hostile ». Non seulement la jeune femme n’était pas revenue le voir une seule fois, mais l’ensemble des membres du Clan semblait l’ignorer parfaitement, y compris le personnel de l’aile médicale, qui se contenta durant cette période de lui administrer des soins sans dire un mot et le plus rapidement possible.

Ces dix jours furent donc épouvantablement longs, d’autant plus que la fièvre étant tombée, il avait de nouveau conscience du temps. Cela lui permit de réfléchir longuement à son altercation avec DragonFly.

Il avait le sentiment que les choses lui avaient échappé, que la jeune femme avait attendu beaucoup de lui et qu’il ne l’avait pas senti, qu’il était passé à côté d’éléments essentiels. Le tourment qu’il ressentait en y repensant le blessait d’autant plus qu’il n’avait jamais éprouvé un sentiment si pénible, si profond. Sans parvenir à comprendre pourquoi, cet épisode le hantait, et les regrets qui s’étaient installés dans ses entrailles ne le lâchaient plus.

Par moments, il sentait également une grande colère l’envahir, à l’idée qu’elle était venue le trouver avec des idées si précises en tête et en l’ayant en quelque sorte piégé. Elle lui avait posé des questions qui semblaient ouvertes, alors qu’elle n’attendait en fait qu’une seule réponse, et cela lui faisait l’impression d’un traquenard, d’une mise à l’épreuve dans un moment où il était affaibli et encore sous l’effet des drogues qu’on lui avait administrées pour l’aider à surmonter la douleur. Mais cette rancœur ne durait jamais bien longtemps, elle n’était que l’expression d’un désarroi, un réflexe inconscient pour essayer de se soulager par instants de la culpabilité qui l’accablait.

« Etrigane, l’œuf est dans ma chambre. Venez donc l’y chercher si vous en trouver le courage ».

Les paroles de la jeune femme dansaient dans son esprit, ravageant sa conscience et exacerbant son remords. Elle avait semblé si déçue, si profondément meurtrie par son attitude.

« Nanaki et mes autres dragons veillent, et ma propre épée n’est jamais loin de moi, même la nuit. »

Les derniers mots qu’elle avait prononcés. Une menace même pas déguisée.

Etrigane serrait les poings et se mordait la lèvre inférieure. Il se sentait impuissant et ne savait plus ce qu’il devait faire. Lorsqu’il quitta la relative protection du secteur médical, il se sentit brusquement seul, et comprit qu’il n’avait plus sa place en ces lieux. Il sortit de la Citadelle, et se retrouva dans la grande cour intérieure qui entourait l’édifice.

C’était le soir. Les activités de la journée avaient cessé, et un silence presque irréel régnait dans la cour, si passante d’ordinaire. Les loups du Clan étaient vraisemblablement réunis autour du repas. Lui-même avait participé à ce rituel de fin de journée, à une époque très proche qui lui semblait pourtant lointaine à présent, et d’autant plus éloignée qu’elle était désormais comme scellée, proscrite.

L’image de DragonFly se dessina dans son esprit, et l’amertume qu’il ressentit allait le pousser à partir définitivement lorsqu’une voix le fit sursauter.

« Ne renonce jamais ».

(fin de la première partie)
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeDim 9 Sep - 19:49

C’était Flamwing.
Etrigane se retourna, et découvrit l’Archiviste adossé à un pilier. Il scruta son visage, afin d’y découvrir son état d’esprit, mais il ne put y lire aucune trace particulière de sympathie.

« Tu ne peux résider dans la Citadelle, reprit ce dernier, mais il n’y a rien dans les environs et je pense que tu n’as pas achevé ta tâche. En conséquence de quoi je te suggère de prendre tes quartiers dans les dépendances construites tout le long de l’enceinte. Les trois quarts sont vides.
- Flamwing, je… »

Il ne put achever sa phrase car Flamwing avait déjà tourné les talons, et remontait le grand escalier qui menait à l’entrée principale de la Citadelle. Etrigane le regarda disparaître, puis il se tourna de nouveau en direction de la cour.
Etrangement, il avait l’impression de sentir pour la première fois le froid qui régnait sur cette île nordique, en proie à des gelées violentes. La pureté blanche qui entourait la Citadelle s’accordait si bien avec l’esprit de la meute, par son caractère intransigeant et incorruptible.
La meute.

Il baissa les yeux et contempla un moment le sol. Puis il regarda les dépendances, alignées contre le mur qui encerclait la Citadelle, et sélectionna celle qui lui parut la plus difficile à voir. Elle se trouvait dans un angle peu commode par rapport à l’entrée du repaire, et un conifère la camouflait en grande partie. Il en prit rapidement la direction, et s’y enferma aussitôt, avant que sa volonté ne faillât et qu’il ne décidât de s’en aller pour ne jamais remettre les pieds en ces lieux.

Il ne chercha même pas à examiner l’endroit dans lequel il venait de prendre place, et se concentra sur la cheminée de la pièce principale. Il parvint non sans mal à allumer un feu, et resta assis près de l’âtre sans bouger. Le froid qui régnait entre ces murs était épouvantable, la maison n’ayant probablement pas été chauffée depuis des lustres. Les murs étaient gelés, les fenêtres verglacées, et sa respiration produisait de la buée dès qu’il entrouvrait la bouche.
Il dénicha une couverture quelque part dans une chambre, et installa le matelas de son lit près de la cheminée. Le sommeil finit par se saisir de lui, un sommeil sans rêve ni réconfort, qui le laissa songeur et abattu à son réveil.
Ce ne fut qu’au bout d’une heure qu’il réalisa qu’il n’avait rien à manger. Il savait que le personnel de cuisine de la Citadelle faisait deux fois le tour des dépendances dans la journée pour apporter de la nourriture aux gens qui se trouvaient là, mais il ignorait les horaires exacts.
C’était si humiliant qu’il faillit rassembler ses affaires et s’en aller sur le champs, mais l’image de Flamwing adossé à son pilier lui revint en tête, et cela l’arrêta.

« Ne renonce jamais ».
C’était pourtant si tentant, si justifié par certains côtés, que c’était vraisemblablement la meilleure chose à faire. Mais il savait également que jamais il ne se remettrait d’une telle expérience s’il abandonnait à ce moment. Il avait trahi la confiance de ses parents pour poursuivre son vieux rêve, il avait quitté sa maison d’enfance, dont la porte lui était sûrement close désormais, il avait quitté sa ville et sa vie, pour s’engager dans un choix fondamental, le genre de choix sur lequel on ne peut revenir.

S’il renonçait, il n’aurait nul endroit où se rendre, aucune perspective de lendemain. Il lutta contre le sentiment de solitude qui l’accablait en le tournant en dérision.
« Toi qui as toujours été perçu comme un être isolé, fuyant la compagnie des autres, tu devrais être satisfait ! Te voici seul au monde ! »

Une femme lui apporta à manger une demi-heure plus tard. Il hésita un instant et se décida à lui demander un service. Il avait besoin d’un certain nombre d’ouvrages qu’il devait étudier, c’était la seule raison qu’il avait de demeurer en cet endroit. D’abord réticente, et vaguement agacée, la cuisinière finit par accepter en maugréant, tout en le prévenant qu’elle devait achever toutes ses tâches matinales en priorité.
Elle revint deux heures plus tard, porteuse de trois gros ouvrages qu’elle n’avait pourtant aucune peine à transporter, tant elle semblait habituée à déplacer de lourdes charges. Elle les lui remit avec un « Voilà pour vous » sans chaleur, et s’en alla aussitôt, sans prêter la moindre attention au remerciement d’Etrigane.
Le jeune homme retourna dans la pièce principale, et reprit place près de la cheminée, sur le lit. Il disposa les trois livres devant lui et les regarda attentivement. Les reliures en cuir étaient craquelées mais l’état général de ces ouvrages était remarquable, compte-tenu du nombre impressionnant de personnes qui avaient dû les manipuler.
Devant lui se concentrait en quelques milliers de pages tout le savoir imaginable sur les dragons. Il s’agissait là de livres d’éleveurs, écrits par et pour des éleveurs, dans le but de pérenniser une connaissance et une expérience acquises avec lenteur et patience, pendant plusieurs décennies.
Etrigane se plongea dans la lecture.

Les jours s’écoulèrent sans aucun événement notable. Le froid semblait un peu moins mordant, à moins qu’il ne s’y habituât progressivement. Chaque journée ressemblait si fort à celle qui précédait qu’il avait bien de la peine à mesurer le temps qui passait. Un profond découragement le gagnait régulièrement, lorsqu’il s’apercevait qu’il ignorait toujours ce qu’il allait bien pouvoir dire ou faire lorsqu’il se présenterait devant DragonFly. Cette seule perspective l’effrayait, et ce de façon d’autant plus intense qu’il avait le sentiment de n’avoir parlé à personne depuis des années. Il ouvrit même la bouche une fois, seul dans la pièce, pour prononcer quelques mots, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Peut-être la jeune femme avait-elle simplement voulu lui faire comprendre ce qu’était réellement cette vie d’ermite qu’il semblait appeler de ses vœux ? Peut-être était-ce une leçon. Mais il en doutait. Pour donner une leçon, encore fallait-il attendre quelque chose de l’autre, or, la certitude qu’elle n’attendait strictement plus rien de lui était profondément enfoncée en lui.

Un jour, il entendit un brouhaha inhabituel dans la cour. Il regarda par la fenêtre et vit beaucoup d’hommes qui s’agitaient, avec dans leurs gestes et dans leurs cris cette énergie particulière provoquée par les moments qui sortent de l’ordinaire. Il s’agissait sans doute de préparatifs pour une mission, assez importante à en juger par le nombre d’hommes mobilisés.
Le cœur d’Etrigane se serra horriblement lorsqu’il aperçut la silhouette de DragonFly, au beau milieu de ses hommes, qui semblait donner des directives en désignant des choses du doigt. L’angoisse qui l’étreignit le poussa à tourner le dos à la fenêtre, il se laissa aller contre le mur et se retrouva assis parterre, le visage décomposé. Il demeura ainsi pendant des heures, et lorsqu’il se décida enfin à se relever, un rapide coup d’œil par la fenêtre lui confirma ce que l’absence de bruit lui avait laissé supposer : ils étaient tous partis.
La lassitude qui l’envahit alors n’avait pas de nom. Mortifié, il se dirigea vers la cheminée et fit repartir le feu, en tisonnant les bûches d’un air absent. Puis, pour éviter de penser, il se replongea dans la lecture comme on se jette d’un pont, comme on se noie doucement et sans regrets.

Le jour où Etrigane acheva la lecture des trois tomes, il n’avait plus aucune notion du temps. Il avait l’impression d’être là depuis plus d’un mois, mais rien ne pouvait confirmer ce sentiment.
Cela n’avait en fait qu’une importance relative. Ce qui le tétanisait, c’était de se rendre compte qu’il n’avait toujours pas la moindre idée de ce qu’il allait faire en allant trouver DragonFly. Mais cette torpeur évolua au fil des jours, laissant la place à une sorte d’inquiétude sourde, qui devint vite familière, comme tous ces gens qui vivent avec une maladie et finissent par l’intégrer à leur quotidien.

Le jour où il se décida, il se sentait complètement vide.
Il traversa la cour avec lenteur, la démarche hésitante et le pas mal assuré. La lumière matinale du soleil le contraignit à froncer les sourcils et à marcher tête basse. Depuis combien de temps n’avait-il pas marché à l’extérieur ? Il était assailli par des vertiges, et son cœur s’était mis à battre lourdement. La tête lui tournait. Il se sentait nauséeux.

(fin de la seconde partie)
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Etrigane
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MessageSujet: Re: Le dragon des Ombres   Le dragon des Ombres Icon_minitimeLun 10 Sep - 11:34

Les grands escaliers principaux lui semblèrent interminables. Il franchit les portes en ayant presque des difficultés à les pousser, et il se retrouva dans le grand hall. En évitant de croiser les regards, il prit le chemin des appartements de DragonFly, les yeux rivés sur le plancher. Les membres du Clan s’arrêtaient à son passage, et le suivaient du regard. Plus rien dans l’attitude des uns et des autres ne laissait penser qu’il eût un jour appartenu un tant soit peu à cette communauté.

ll hésita un instant devant la porte de la chambre, puis il frappa deux petits coups secs, bientôt suivis de la voix de la jeune femme, qui se contenta d’un « Entrez » énergique.
Il ouvrit la porte et s’engouffra dans la pièce.

C’était une chambre vaste, assez désordonnée, envahie de documents, de livres et de vêtements éparpillés. L’œuf était disposé sur un couffin près d’une grande fenêtre, et les dragons de la louve l’entouraient, protecteurs. Ils lui jetèrent un regard ulcéré, et émirent des piaillements aigus assez menaçants. DragonFly prit son épée, sans la dégainer de son fourreau mais en la gardant fermement entre ses mains, puis elle fit quelques pas en direction du jeune homme.
Elle le considéra un moment, l’air effaré devant son amaigrissement et son teint cadavérique.
« Etes-vous bien sûr d’avoir choisi le bon jour pour vous présenter devant moi ?, demanda-t-elle sur un ton presque agacé. Avez-vous vu l’état dans lequel vous êtes ? ».
Etrigane la regarda, et une lueur passa dans ses yeux verts.
« Cet état n’est dû qu’aux admirables conditions de vie dans lesquelles je me trouve depuis plusieurs semaines, dit-il d’une voix qui le surprit lui –même par sa netteté. N’allez pas croire un seul instant que j’essaie de vous apitoyer.
- Bien, je vous écoute, que voulez-vous ?
- Pour commencer, vous devriez éloigner l’œuf de cette fenêtre. Au stade de développement qui est le sien, la membrane de l’œuf est bien plus fine, et l’embryon est beaucoup plus sensible à la chaleur ».

Il posa un index sur sa bouche et regarda dans la pièce, puis il indiqua du doigt un angle opposé.
« Le simple fait de le placer à cet endroit devrait faire chuter sa température interne de quelques degrés, ce sera suffisant ».
DragonFly le regarda, et un léger sourire apparut sur son visage.
« Vous pensez vraiment que vous allez me convaincre avec ce genre de chose ?, dit-elle en riant. Mais, ce que vous me dites là, n’importe quel idiot ayant lu un livre traitant de la question pourrait en faire autant.
- Je pense savoir à présent ce qu’il faut faire pour s’occuper d’un dragon correctement, c’est une chose qui compte et vous le savez aussi bien que moi puisque vous m’en avez-vous-mêmes parlé.
- C’est exact. Mais ne pensez pas l’emporter avec si peu de choses. Quand je vois votre état, je doute sérieusement de vos capacités à faire face aux épreuves et aux difficultés de la vie. »

La vision d’Etrigane se brouilla, et des larmes coulèrent sur son visage. Mais toute son expression demeurait digne, et son regard se faisait de plus en plus perçant.
« Il est vrai que je n’ai pas la résistance physique d’un guerrier, dit-il doucement. J’ai décidé de ne pas fuir, de ne pas abandonner, et de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour apprendre et évoluer. Vous n’avez pas envie de le reconnaître, parce que vous avez décidé que je n’avais aucune chance. Je vous savais inflexible, je ne vous pensais pas cruelle ».
Elle dégaina son épée de son fourreau avec lenteur, et pointa la lame en direction du jeune homme.
« M’insulter sous mon toit, est-ce là votre stratégie ? »
Ce qu’il fit alors la surprit. Il prit la lame dans sa main, et en détourna doucement la pointe dans une autre direction. L’acier était si effilé que sa main en fut coupée, des filets de sang coulèrent le long de l’arme, et leur odeur excita les dragons dont les cris se renouvelèrent.

« Vous ne me tuerez pas, dit-il d’une voix toujours très douce. Cette arme n’a pas besoin de quitter son fourreau aujourd’hui. »
Ils demeurèrent immobiles et silencieux.
Etrigane tenait toujours la lame de sa main gauche, son sang goutait sur le sol. Ils se regardaient sans ciller, avec intensité, debout au beau milieu de la pièce.

« Qu’est-ce qui vous permet de croire cela ? »,finit par demander la jeune femme.
Des larmes traversèrent le visage d’Etrigane, contrastant étrangement avec le sourire qui naquit sur ses lèvres.
« J’ai compris quelque chose, quelque chose de très important ».
Il attendit un court moment, comme s’il voulait être absolument sûr des mots qu’il allait prononcer, et il finit par dire :
« Je tiens à vous, et vous tenez à moi ».

(à suivre)
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